
Jeudi 5 janvier 2023, tribunal de La Rochelle. Deux prévenus sont appelés à comparaître au tribunal correctionnel pour avoir volontairement détérioré la méga-bassine de Cramchaban, le 6 novembre 2021.
Les débats commencent et, très rapidement, on comprend qu’aucune preuve matérielle sérieuse n’est avancée contre les prévenus. Le dossier d’enquête, pourtant conséquent, ne comporte que des actes de surveillance de la part de la gendarmerie. Des moyens colossaux ont été utilisés pour répondre à leur quête désespérée de trouver des coupables (...)
En résumé, aucune certitude quant à leur présence sur le lieu de la manifestation ni aucune preuve qu’ils aient participé au débâchage de la bassine. Les prévenus gardent le silence au sujet des faits qui leur sont reprochés, préférant utiliser leur temps de parole pour rappeler l’urgence qu’il y a à réagir face à l’assèchement des sols au profit d’une agriculture intensive et polluante.
Face aux faibles arguments de la partie civile, quatre témoins du côté de la défense évoquent tour à tour les aspects juridiques, sociaux et environnementaux de la nécessité absolue de s’opposer à l’accaparement de l’eau. Christian Amblard, hydrobiologiste et chercheur au CNRS, rappel notamment que le stockage de l’eau implique une évaporation de 20 à 30%, le développement de cyanobactérie la rendant toxique et l’écoulement d’une eau polluée dans les nappes phréatiques lors de l’irrigation des sols.
Les avocats de la défense font valoir la nécessité de la désobéissance civile dans une situation comme celle-ci. Ils pointent également le choix du ministère public de poursuivre des militants sans jamais engager de procédure contre les exploitants faisant usage illégalement des méga-bassines. En effet, ces dernières font l’objet d’une procédure depuis plus de 13 ans, dont la dernière décision, le 17 mai 2022 annule l’autorisation préfectorale d’en faire usage. (...)