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Rentrée scolaire : le chantier titanesque des écoles mal isolées
#ecoles #isolation
Article mis en ligne le 1er septembre 2023

Près de 12 millions de jeunes s’apprêtent à retourner en cours, dans des classes souvent mal isolées. Malgré l’urgence, les collectivités peinent à relever le défi de la rénovation, complexe et coûteuse.

(...) des dizaines de milliers d’institutions scolaires sont mal isolées à travers la France — trop chaudes en été, trop froides en hiver. « 60 à 70 % des collèges sont à rénover, estime le chercheur Laurent Jeannin, qui travaille sur le sujet. On a 150 millions de mètres carrés de bâti scolaire, dont une grande partie n’est pas en très bon état… Ce chantier est immense ! »

Les quelques chiffres disponibles donnent en effet le tournis : d’après l’Agence de la Transition écologique (Ademe), les bâtiments scolaires représentaient en 2017 « 82 % des consommations énergétiques des communes de métropole, alors que leur part dans le patrimoine immobilier communal ne dépassait pas 31 % de ce patrimoine ». Et neuf sur dix chefs d’établissement ont déjà été interpellés au sujet de la température des salles, selon une enquête du Centre national d’étude des systèmes scolaires (...)

Marseille est régulièrement pointée comme la pire métropole en la matière. À Montpellier, la situation n’est pas plus réjouissante. (...)

Vite fait, mal fait

Comment en est-on arrivé là ? « L’état du bâti scolaire est l’héritage de choix politiques », dit Laurent Jeannin. L’école Marc Bloch des Hauts de Massane, comme de nombreuses autres, a été édifiée à la va-vite dans les années 1960, après la guerre d’Algérie. « Il s’agissait de construire rapidement, et on a utilisé ce qu’on appelle des structures Pailleron, métalliques, peu chères et légères », explique Ouahid Dorbane ; structures qui se sont révélées être des fours solaires. Idem à la fin des années 1970 (...)

Dans les années 1980, l’État a transféré la propriété du bâti aux collectivités locales. Avec un effet pervers inattendu : « Les écoles sont devenues des facteurs de réélection pour les maires, explique le chercheur. Il fallait donc des bâtiments ostentatoires, qui pouvaient être inaugurés en grande pompe. » Ce fut l’époque des grands édifices aux larges baies vitrées. Là encore, l’écologie est passée à la trappe. (...)

Résultat, au tournant des années 2000, nombre d’établissements scolaires n’étaient pas (du tout) adaptés aux enjeux du XXIe siècle, en particulier à la crise climatique. Depuis, malgré un changement dans les discours et une réglementation beaucoup plus exigeante, « on peine à rattraper le retard », constate le scientifique.

Ce n’est pas faute de solutions techniques (...)

L’argent, le nerf de la guerre

Les freins sont donc surtout économiques et politiques. « La plus grosse difficulté, pour les petites communes, c’est l’accompagnement et le conseil », note Nadège Havet, sénatrice du Finistère et rapporteuse d’une mission d’information sur le sujet. Lorsqu’un ou une secrétaire de mairie doit suivre tous les projets, la rénovation, longue et complexe, relève vite de la mission impossible.

Mais le nerf de la guerre demeure l’argent. (...)

« On a très peur du saupoudrage, des rénovations partielles »

Cerise sur le gâteau, « le retour sur investissement, souvent long — vingt ou trente ans pour une rénovation aux standards basse consommation — décourage de nombreux élus, a fortiori lorsqu’existe un risque de fermeture de classe ou d’école », indique son rapport.

Le plan « 10 000 écoles » annoncé par Emmanuel Macron et Christophe Béchu en mai dernier ne devrait donc pas faire de miracle. D’abord, parce que les montants annoncés — deux milliards d’euros de prêts — sont très loin des besoins estimés (...)

Ensuite, parce que le gouvernement ne prévoit pas, pour le moment, de suivi ni de contrôle. (...)