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Reporterre
« Rendons gratuits les mètres cubes d’eau vitaux »
#eau #sécheresse
Article mis en ligne le 9 février 2023
dernière modification le 8 février 2023

Et si les 50 premiers litres d’eau, vitaux, étaient gratuits ? Voilà l’enjeu d’une proposition de loi portée à l’Assemblée. Il s’agit aussi de faire payer plus cher les gros consommateurs, explique le député LFI Gabriel Amard.

Sécheresse, coupure d’eau potable, mégabassines… Plus de doute : l’or bleu va devenir un trésor. Comment s’y prendre pour que cette ressource vitale ne soit pas gaspillée et équitablement partagée ? La proposition de loi « visant à garantir l’accès à l’eau potable », présentée jeudi 24 novembre à l’Assemblée nationale, pourrait apporter des pistes de solution. Le député insoumis Gabriel Amard, à l’origine du texte, en explique les enjeux à Reporterre. (...)

Reporterre — L’eau est une ressource sous tension. En quoi la proposition de loi que vous portez pourrait améliorer la situation ?

Cette loi vise à garantir l’accès à l’eau, avec une mesure principale : rendre gratuits les mètres cubes vitaux. (...)

Nous souhaitons aussi que les bassins de vie de plus de 3 500 habitants prévoient des toilettes publiques et des fontaines gratuites, et ainsi que des bains-douches dans les agglos de plus de 10 000 habitants.

En parallèle, il faut renchérir le coût de l’eau pour les plus gros consommateurs : plusieurs collectivités ont expérimenté, avec succès, des tarifications différenciées. (...)

On peut aussi imaginer augmenter le prix du mètre cube pour les usages professionnels ou les résidences secondaires. Ce serait à chaque collectivité de décider. Cette loi viendrait généraliser ce qui se fait déjà dans de nombreux territoires.

Nous devons vivre avec le dérèglement climatique, arrêter l’impréparation politique qui a conduit 117 communes à se retrouver cet été sans eau potable courante. (...)

Cette loi lutterait contre le gaspillage, en rendant les usages ostentatoires plus onéreux. Et rendre les premiers 50 litres gratuits ne favorisera pas la gabegie, puisque ce sont les mètres cubes indispensables à la vie. L’eau, c’est comme l’air qu’on respire. Trois jours sans eau et nous sommes morts.

Et c’est un droit humain. Pourtant, en France, il est loin d’être garanti : 490 300 personnes n’ont pas accès à une eau potable gérée en toute sécurité. À Mayotte, un tiers des familles n’a pas d’eau courante. En Guadeloupe, les habitants vivent au rythme des coupures et des « tours d’eau ». (...)

Nous présentons plusieurs sources de financement. D’abord renchérir le prix pour les maisons secondaires et les usages professionnels. Le texte propose aussi de mettre en place une taxe de 10 centimes sur chaque soda et embouteillage de l’industrie agroalimentaire. Ceci viendrait abonder un fonds de péréquation géré par les Agences de l’eau pour soutenir les communes. Enfin, l’idée serait de procéder par palier : rendre les 30 premiers litres gratuits d’ici à 2025, avant d’aller plus loin. (...)

En 2010, les Nations unies ont adopté une résolution faisant de l’accès à l’eau et à l’assainissement un droit humain fondamental. Il y a urgence à agir à l’échelle nationale. La France peut et doit faire plus. Je plaide notamment pour que ce droit essentiel soit inscrit dans notre Constitution.