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Entre les lignes, entre les mots
Regarder le monde avec les lunettes du genre sur le nez, c’est la promesse de le voir plus nettement
Article mis en ligne le 14 août 2019
dernière modification le 13 août 2019

« Dans un monde qui s’entête à masquer les rapports de pouvoir, on montrera combien ces lunettes sont indispensables, mettant au jour un angle mort que les autres lunettes sociologiques ne savent pas réfléchir. »

Je trouve nécessaire de lire, régulièrement, des ouvrages de synthèse, des ouvrages qui reviennent sur l’histoire proche des idées ou des mobilisations sociales, pour remettre en perspective des débats et éclairer des coins plus sombres, oubliés ou omis dans des études plus « pointues ».

Le livre d’Isabelle Clair, qui ne dédaigne pas l’humour, est d’une grande clarté, loin du jargon, de cette sociologie qui « s’embarrasse de subtilités lexicales excluantes pour qui ne maîtrise pas toutes les genèses ni les controverses, une intellectualisation qui, parfois, perd de vue la mission principielle de diffusion au plus grand nombre, à des fins de libération collective ». Elle ne dédaigne pas d’appuyer sur la critique d’une certaine sociologie, aveugle à la division sexuée du travail et aux autres dimensions du système de genre, « Le genre casse l’ambiance : il ne peut être remisé dans une différence appartenant au passé de chacun.e, il rend hétérogène la communauté ; il rappelle constamment que les hommes (qui étaient là les premiers) sont susceptibles d’y jouer le mauvais rôle », « Au fond, les sociologues sont empêtré.e.s dans le genre alors que leur travail, c’est précisément de n’être jamais empêtré.e.s, de tout »objectiver », de refroidir le monde social pour mieux le »désenchanter » ». (...)

La présentation des débats autour du concept de genre, son histoire, ses apports, ses limites (par exemple : occultation de l’asymétrie entre les sexes et leur hiérarchisation, ou pour le dire autrement « sous le genre, disparaissent les femmes » ou « c’est aussi le »sexe » qui s’évapore »), ses dérives institutionnelles et sa dépolitisation, etc.. me semble singulièrement riche. (...)