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l’Humanité
Réfugiés. Dans les pas des passeurs citoyens
Article mis en ligne le 10 décembre 2016
dernière modification le 6 décembre 2016

Un Soudanais a illégalement passé la frontière franco-italienne, lundi, avec l’aide de chauffeurs solidaires . L’Humanité a accompagné ce périple.

mpossible d’oublier l’explosion de joie et de gratitude qui a surgi de lui lorsque, le 9 août dernier, Magdi a posé le pied sur le pont de l’Aquarius. Il fait partie des 98 personnes arrachées à la mer, ce jour-là, à l’occasion du vingt-deuxième sauvetage mené par SOS-Méditerranée au large des côtes libyennes. Il venait de passer douze heures à bord d’une embarcation pneumatique à la dérive.

Lundi matin, à Nice, deux bonnes âmes, une jeune femme et son compagnon, s’apprêtent à récupérer le jeune Soudanais à Vintimille, au nord de l’Italie, pour lui permettre de venir en France demander asile. L’opération n’est pas aisée. Depuis plusieurs mois, la répression policière à l’égard des acteurs de la solidarité avec les réfugiés bloqués à la frontière franco-italienne ne cesse de se durcir. Le couple se met d’accord sur la stratégie à suivre et contacte des membres du collectif Agir, à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), pour savoir s’ils pourront accueillir Magdi dans la soirée.

En fin de matinée, les deux Niçois se retrouvent devant le centre de la Croix-Rouge, à Vintimille. L’entrée est sous la haute surveillance des carabinieri italiens. La jeune femme envoie un SMS à Magdi pour lui indiquer qu’elle est là, garée à quelques centaines de mètres du centre. Quarante-cinq minutes plus tard, sur la route qui longe le fleuve Roya, une silhouette vêtue d’un tee-shirt jaune arrive à toute allure en faisant des sauts de joie.

La vaste chaîne de solidarité (...)

Encore une heure et demie de route. Pendant le trajet, le jeune homme retrace le récit détaillé de son parcours d’exil, commencé le 6 janvier 2016. Il raconte sa vie au Soudan, les persécutions racistes subies pendant ses quatre années d’études à l’université, sa traversée du désert, le Tchad, le Niger, la prison en Libye, la violence et ces semaines à rester parqué avec des centaines d’autres dans un immeuble désaffecté de Tripoli. Il explique le meurtre d’un autre exilé commis sous ses yeux. « Il est sorti pour fumer. Un homme armé lui a violemment demandé de rentrer. Quelques minutes après, il est sorti à nouveau. L’homme l’a tué froidement puis ils l’ont mis dans le coffre d’une voiture. »

Magdi relate aussi son périple en Italie. « Quand on est descendu de l’Aquarius, les Italiens nous ont mis en prison pendant quinze jours, reprend-il. Ensuite, j’ai été placé dans un centre dans la province de Fermo. De là, j’ai rejoint un ami à Rome et nous sommes montés jusqu’à Vintimille. » Son récit n’est pas encore terminé, nous voilà arrivés devant une maison posée au milieu de dizaines d’oliviers, dans un petit village du haut Var. C’est ici que Magdi va passer la nuit. Le lendemain, ses hôtes le conduiront jusqu’à Aix-en-Provence, où d’autres bonnes âmes l’accompagneront dans ses démarches de demandeur d’asile. Maillons supplémentaires de cette chaîne de la solidarité qui s’étend des vallées transfrontalières des Alpes-Maritimes jusqu’aux plaines provençales.