
Voilà de quoi semer un plus la confusion dans l’explosive réforme des retraites … Les dés seraient-ils déjà joués ? Ce lundi, Marc Fesneau, ministre des Relations avec le Parlement a vendu officiellement la mèche sur l’état d’avancée du projet de loi de la réforme du système des retraites.
« Un texte est parti au Conseil d’Etat », a indiqué le ministre insistant sur le fait que le travail parlementaire va permettre « d’amender, corriger, apporter des compléments » et « de l’étoffer ». « Les députés auront le dernier mot » a ajouté prudent le ministre. Selon nos informations, l’envoi de ce texte, connu seulement de quelques membres du gouvernement, s’est fait en fin de semaine dernière. Il est « rédigé à 95 % », affirme une source de l’exécutif.
À trois jours de l’appel à une nouvelle mobilisation des opposants à la réforme, et alors que s’ouvrent ce mardi les discussions sur la pénibilité et le travail des seniors, l’annonce en a déconcerté plus d’un dans les rangs syndicaux. Étaient-ils au courant ? « Non ! », réagit un brin énervé Yves Veyrier, le secrétaire général de Force ouvrière. « C’est bien la démonstration que ces discussions n’ont rien à voir avec le texte de la réforme qui, sans doute, devait être déjà écrit avant les vacances ». (...)
Le numéro un de FO, nous confie-t-il, va d’ailleurs, demander solennellement à Muriel Pénicaud, lors de la réunion au ministère, de suspendre le processus d’examen du projet de loi. « On ne peut pas nous dire qu’il y a des négociations, qu’il faut trouver un compromis et aller au pas de charge », poursuit le syndicaliste.
À la CFE-CGC même surprise et exaspération. « S’ils espèrent, avec cette annonce, passer le message aux gens qu’il ne sert plus à rien de manifester, ils se trompent. Cela ne changera rien à notre détermination contre un projet qui n’est même pas financé et va avoir pour conséquence à terme la baisse des pensions ! », s’exclame Pierre Roger, en charge du dossier des retraites à la CFE-CGC.
Le syndicaliste se dit d’ailleurs très surpris de cette déclaration du ministre. Car, selon lui, le gouvernement doit d’abord soumettre le texte du projet de loi aux instances paritaires concernées, principalement à la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav) où siège Pierre Roger comme administrateur. « Ils sont censés attendre cet avis avant d’envoyer le texte au Conseil d’État ».
« On se doutait que le texte était déjà rédigé » (...)