
Deux fédérations bretonnes de la Capeb, syndicat patronal du bâtiment, ont rompu les rangs et appelé à rejoindre la mobilisation contre la réforme des retraites. Certains de leurs adhérents ont même décidé de payer les jours de grève de leurs salariés.
Le 7 mars, Jean-François Delahaye Coliac, artisan breton de 57 ans et chef d’une petite entreprise, sera en grève. Ses salariés aussi. Le patron compte bien fermer boutique ce jour-là, « parce que c’est la grève générale, on ferme tout et puis c’est tout. C’est le résultat d’un gouvernement qui n’écoute pas son peuple ».
Lors de la journée de mobilisation du 16 février, l’effectif de Delahaye Rénovation était au complet dans les rues de Lannion, dans les Côtes-d’Armor, exception faite du salarié qui s’est cassé un pied. Sans perdre un euro. En effet, depuis plusieurs semaines, les heures de grève posées par les salariés pour aller manifester sont payées. « Si moi, en tant que petit patron, je peux le faire, je ne vois pas pourquoi d’autres, plus gros et aussi opposés à la réforme, ne pourraient pas s’y mettre », invite-t-il. (...)
« C’est pas juste qu’on soutient nos salariés, c’est qu’on se soutient nous-mêmes parce qu’on défend aussi notre retraite en tant qu’artisans. Vous imaginez un chauffagiste déplacer des ballons d’eau chaude, aller sous les éviers, se casser en quatre pour mettre une vis sur un robinet d’évier, à 64 ans ? »
Pour rappel, la Capeb est un syndicat patronal et il est fort rare – si ce n’est inédit – d’entendre certains de ses membres appeler à la manifestation ou à la grève. (...)
À Lannion, la Capeb locale (Capeb 22) a même interrogé ses quelque mille adhérents, et la réponse est sans équivoque : 75 % sont contre cette réforme et appellent à se mobiliser dans la rue. (...)
La Capeb se retrouve donc avec deux de ses fédérations bretonnes, celles des Côtes-d’Armor et d’Ille-et-Vilaine, qui se positionnent publiquement contre cette réforme et appellent à la mobilisation, dans la rue et par la grève. (...)