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Le Monde
Réforme des retraites : Elisabeth Borne fragilisée dans la majorité et au gouvernement
#greves #manifestations #retraites
Article mis en ligne le 10 mars 2023
dernière modification le 9 mars 2023

Absence de dialogue social, cafouillages parmi les ministres, tensions dans la majorité et erreurs de communication : les nuages s’amoncellent pour la première ministre, alors que le texte est plus que jamais impopulaire dans l’opinion.

(...) Entre le garde des sceaux et le président du groupe Les Républicains (LR), l’ambiance est très tendue quand, soudain, le premier brandit un bras d’honneur. Puis un autre. La séance est suspendue. L’ex-pénaliste quitte la scène, bouillonnant, et s’en va fumer des cigarettes.

Elisabeth Borne, qui vient de sortir de l’Hémicycle, lessivée par la tension d’une sixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, n’avait pas besoin de ce nouvel incident. Il faut éteindre ce départ de feu qui menace les relations entre la majorité présidentielle et la droite, alliée pour ce projet hautement impopulaire.

Les responsables de la majorité se précipitent pour convaincre l’ancienne star du barreau de s’excuser. Rien n’y fait, le garde des sceaux menace de « tout plaquer » en démissionnant. Il juge qu’Olivier Marleix a sali son honneur en le décrivant comme un coupable, alors qu’il n’est « que » mis en examen pour « prise illégale d’intérêts ». Après dix longues minutes, il accepte finalement de présenter des excuses publiques. « Imagine-t-on Alain Peyrefitte ou Robert Badinter se comporter de la sorte ? », soupire Olivier Marleix. Elisabeth Borne devait s’entretenir avec l’élu de la droite et le président du parti, Eric Ciotti, dans la soirée, mais le rendez-vous est annulé. Une déconvenue pour la cheffe du gouvernement. Une de plus. (...)

Quelques heures plus tôt, à un jet de pierre de l’Assemblée nationale, le cortège des manifestants s’élance, boulevard Saint-Germain. De l’hôtel de Matignon, on entend les « boums » des pétards à faire trembler les murs. Moins les moqueries qui fusent dans un mégaphone de la CGT : « M. Véran [porte-parole du gouvernement] dit qu’on est responsables de la disparition des dinosaures et du naufrage du Titanic », « M. Dussopt [ministre du travail] hurle que personne n’a craqué alors qu’il est en plein craquage » (...)

Se revendiquant d’une sensibilité de gauche, Elisabeth Borne avait promis, lors de son entrée à Matignon, de réformer « dans la concertation » et de préserver « la cohésion du pays », confiante en sa capacité à convaincre syndicats et parlementaires. Dix mois plus tard, la première ministre est comparée à la Dame de fer, Margaret Thatcher, qui brisa les syndicats britanniques. Et renvoie poliment les organisations syndicales, qui réclament d’être reçues par Emmanuel Macron, vers la porte du ministre du travail, Olivier Dussopt, qu’elle dit « toujours ouverte ». (...)