
On oublie trop souvent le pouvoir que peuvent avoir les mots. Parfois même le pouvoir d’un seul. Il y a des mots qui protègent et des mots qui condamnent. Et quand on parle d’exil, des mots, il y en a ! Il y a les mots qui simplifient, les mots qui rejettent et les mots qui repoussent.
Ces mots qui stigmatisent les personnes exilées et les rejettent
« Nous voulions vivre dans notre pays, heureux. Pas ici sous le nom de “réfugiés” », Mursal Sayas dans le reportage Les exfiltrés de Kaboul du média indépendant Les jours
Après avoir fui leur pays pour échapper à la guerre, aux persécutions ou à la misère, les personnes exilées se retrouvent parfois dépossédées de leur histoire personnelle, de leur singularité. Quel que soit leur métier, leur âge, leur parcours, elles sont réduites à des termes qui, parfois, les déshumanisent.
Les discours dominants parlent de « flots », « vagues » ou « flux migratoires », comme si les personnes exilées ne formaient plus qu’une masse indistincte totalement dépersonnalisée. Parfois, on les tient même responsables d’avoir quitté leur pays. Comme si elles l’avaient choisi. « Venir en France, ça ne venait pas de moi. J’avais 14 ans quand on est partis » confie Sow Saifoulaye dans un interview à Brut.
Quand on parle par exemple de « crise des réfugiés », c’est loin d’être neutre. Cela est au contraire culpabilisant et sous-entend que les personnes réfugiées ont elles-mêmes créé une crise, un climat d’instabilité. En plus d’être déconnectées de la réalité, ces expressions qui stigmatisent et rejettent, peuvent avoir un impact réel sur les personnes concernées. (...)
Au Festival d’Avignon, nous faisons la rencontre du metteur en scène Amir Reza Koohestani. Lui aussi a choisi l’Art pour sensibiliser aux histoires d’exil à travers son spectacle En Transit qui croise son récit et celui d’Anna Seghers, auteure du roman dont il adapte la pièce. Il y évoque notamment les lourdeurs administratives qui participent à précariser et à exclure les personnes exilées en Europe. (...)
Nous rencontrons également Kubra Khademi, une artiste performeuse afghane qui a dû fuir son pays pour exprimer librement son Art. Une fois que ces personnes ont pu exprimer leur réalité, comment les accompagner pour qu’elles puissent jouir de leurs droits fondamentaux ?
Accompagner les personnes en exil et les défendre (...)