
« L’humanité nous commande d’agir maintenant en leur faveur. Si elle nous manquait, considérons au moins notre intérêt bien compris. » Par Jeanne Emmanuelle Hutin, directrice de la recherche éditoriale.
« Ces enfants sont victimes de la folie de leurs parents. Leur vie est en danger. L’humanité nous commande d’agir maintenant en leur faveur. » (...)
« J’ai été blessé […] Il n’y a pas de médecin ici… J’ai besoin d’aide s’il vous plaît. Mes amis (14 et 15 ans) ont été tués devant moi. » Ce message de détresse n’a pas permis de sauver de la mort, Yusuf Zahab, jeune australien de 17 ans (1).
Il était détenu dans une prison du nord-est de la Syrie avec d’autres personnes accusées de terrorisme. C’est en janvier, lorsque le groupe terroriste Daesh a attaqué cette prison qu’il avait été blessé. Pourquoi s’y trouvait-il ? Parce que ses parents radicalisés l’avaient emmené en Syrie. Il avait alors 11 ans. Il a ensuite été « forcé de vivre sous le joug du groupe islamique » (1), puis arrêté à l’âge de 15 ans.
Sa mort tragique a soulevé une grande indignation. Elle « aurait pu être évitée, ont déclaré des experts des Nations unies. Il n’aurait jamais dû être détenu dans cette prison » : il était emprisonné sans procédure judiciaire. Mineur, il devait être traité avec humanité selon la Convention des droits de l’enfant. Or, il était avec d’autres « détenus dans des conditions qui pourraient être assimilées à la torture ou à d’autres traitements cruels, inhumains ou dégradants ».
Plus de 41 000 personnes étrangères à la Syrie et ayant rejoint les terroristes sont détenues souvent dans des camps : « La majorité sont des enfants, la plupart âgée de moins de 12 ans » , s’indignait Letta Taylor d’Human Rights Watch.
La France qui a rapatrié, début juillet, 35 enfants et 16 femmes a donné un « signe d’espoir pour les enfants […] qui attendent d’être rapatriés et réintégrés dans leur pays » a déclaré Adeline Hazan présidente de l’Unicef-France qui appelle à les rapatrier avec leur mère. « Une centaine d’enfants français, certains n’ayant connu que les camps sont toujours retenus en Syrie dans l’insécurité et dans des conditions indignes des droits de l’enfant et privés de leurs droits élémentaires à la santé, à l’éducation et à la protection. »
Pour ces raisons, le Comité des droits de l’enfant des Nations unies a exhorté la France à les rapatrier. Mais ici, beaucoup ont peur du retour de ces enfants et de leurs mères. Cependant, les laisser dans ces camps fait courir des dangers plus graves encore. (...)
« Si on ne les rapatrie pas, tôt ou tard, ils seront récupérés par Daesh » (...)
Des spécialistes de l’enfance le demandent aussi : « Dans les camps, ils ne sont pas scolarisés ; ils n’auront comme seule expression que la violence […] Ils sont récupérables si on s’en occupe maintenant », explique Boris Cyrulnik (3). De plus « nous savons que la réintégration est possible et se passe bien dans l’immense majorité des cas », rappelle l’Unicef-France. (...)