Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
la Croix
Rapatriement d’enfants de djihadistes en Syrie : la France en décalage sur ses voisins européens
Article mis en ligne le 28 juin 2022

La Belgique a rapatrié six femmes et seize enfants de djihadistes depuis la Syrie, de nationalité belge ce mardi 21 juin. Les femmes ont été écrouées dès leur arrivée sur le sol, quand les enfants ont été pris en charge par les services de protection de la jeunesse.

Le procureur fédéral Frédéric Van Leeuw a qualifié ce rapatriement de « décision politique (…) basée sur l’intérêt supérieur de l’enfant ». Dès mars 2021, le premier ministre belge Alexander De Croo avait promis de « tout faire » pour exfiltrer les enfants de moins de 12 ans, à condition que leur filiation belge soit prouvée. Une condition supplémentaire est imposée aux femmes pour être accueillies sur le territoire belge : avoir exprimé des regrets et renoncé à l’idéologie djihadiste.
Des traitements inhumains et dégradants en Syrie

Tous les pays sont loin d’avoir adopté la même politique concernant le rapatriement d’enfants de djihadistes. En tout, ils étaient près de 40 000 enfants et 20 000 femmes appréhendées et répartis dans ces camps en mars 2019, après la défaite de l’État islamique. Parmi eux, près d’un millier de ressortissants européens, d’après les chiffres du bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU.

Sur place, les enfants souffrent d’un manque d’accès à l’éducation et vivent dans l’insalubrité et l’insécurité alimentaire. Dans un communiqué daté du 29 avril à l’attention du président de la République, la défenseure des droits Claire Hédon partageait son inquiétude : « Chaque jour passé dans ces camps met en danger la vie des enfants exposés à des traitements inhumains et dégradants. »

La France est le pays de l’Union européenne comptant le plus de ressortissants dans ces camps : environ 80 femmes et 200 enfants. Cela n’empêche pas Paris d’avoir l’une des politiques de rapatriement les plus strictes. Suivant la doctrine du « cas par cas », seulement 35 enfants ont été rapatriés en l’espace de trois ans. La moitié d’entre eux étaient des orphelins, mais pour les autres, les mères ont été sommées de signer une résignation de leurs droits parentaux. Depuis janvier 2021, la France n’a effectué aucun rapatriement, à la différence de plusieurs de ses voisins.

Les pays du Nord rapatrient le plus (...)

Un certain nombre d’entre eux ont adopté une politique semblable à celle appliquée en Belgique : rapatrier les enfants, mais aussi leurs mères, pour les juger dans leur pays.

La Finlande a été l’un des premiers pays européens à organiser ces exfiltrations. (...)

Du côté français, plusieurs collectifs et ONG exhortent Emmanuel Macron à respecter les engagements de la France au niveau international, notamment la Convention internationale des droits de l’enfant. Le 24 février dernier, la France a été condamnée par le comité des droits de l’enfant de l’ONU pour violation de « l’intérêt supérieur de l’enfant », du « droit à la vie » et du droit des enfants à la protection « contre les traitements inhumains et dégradants ».
Des arguments non valables pour les associations

Les arguments mis en avant par les autorités ne sont pas recevables, juge le président de la Ligue des droits de l’homme. (...)

Des familles d’enfants détenus dans les camps ont saisi la Cour européenne des droits de l’homme, après plusieurs échecs auprès des tribunaux français. Celle-ci devrait rendre sa décision dans les mois à venir.