Ce titre peut rappeler Lewis Carroll, mais c’est plutôt au Candide de Voltaire que peut se comparer mon questionnement, car je sens bien qu’il y a quelque chose de candide à s’interroger sur le pourquoi et le comment, et avant cela sur l’existence même d’un racisme au pays dit des droits de l’homme : la France – qui joue dans ce questionnement le rôle du « meilleur des mondes possibles » cher au docteur Pangloss. Cette candeur cela dit me paraît assumable car elle a quelque chose d’heuristique (comme était heuristique la candeur du personnage de Voltaire) face à tous les Pangloss contemporains qui ont pour nom Sarkozy, Guéant, mais aussi Hollande, Zemmour, Fourest ou Finkielkraut, et qui nous expliquent que tout va pour le mieux sinon dans le meilleur des mondes possibles, du moins dans le moins raciste des pays possibles.
Tout en un sens est déjà dit – j’y reviendrai – dans cette singulière formule, « le moins raciste des pays possibles », qui concentre en elle toute la spécificité du racisme français contemporain, tout ce qu’il a d’à la fois déroutant, odieux et grotesque. Mais ma question pour le moment est celle- ci : quel est ce racisme, ou plus précisément comment ce racisme particulier s’articule-t-il théoriquement et pratiquement à un régime politique et une idéologie dominante qui professent les droits de l’homme ?
Mon propos ne vise pas à l’exhaustivité, il se concentrera sur le racisme anti-africain – anti-noir, anti-arabe – et antimusulman, ce qui n’épuise pas le sujet du racisme, l’antisémitisme existant toujours, ainsi que d’autres racismes comme le racisme anti-asiatique ou le racisme anti-roms. Par racisme j’entends une manière particulière d’appréhender et de traiter certaines populations, fondée sur la combinaison de plusieurs opérations (...)