Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Politis
Qui veut faire peur aux militant·es ?
#repression #gardeavue
Article mis en ligne le 8 mars 2023
dernière modification le 7 mars 2023

Entre janvier et février, Politis a été alerté sur une dizaine de procédures pré-judiciaires visant des activistes. Au travers de gardes à vue violentes ou sans motifs, ou même de détentions provisoires sur des dossiers quasi vides, il semble se dessiner, du côté du pouvoir, une volonté d’intimider les mouvements sociaux.

« Cela fait des années que je défends des militant·es, mais je n’ai jamais vu ça, ce dossier ressemble presque à une mauvaise blague », peste Charlotte Bonnaire au téléphone. Cette avocate marseillaise défend une femme d’une trentaine d’années poursuivie pour « violences en réunion avec arme » sur trois policiers, « participation à un attroupement après la sommation de dispersion », « dissimulation de visage » et « refus de se soumettre aux opérations de relevés signalétiques », c’est-à-dire la prise d’empreintes digitales. (...)

Placée en garde à vue le 2 février après une manifestation unitaire contre l’ouverture d’un local de Reconquête ! avenue du Prado, à Marseille, Louise* est poursuivie avec deux autres prévenus dans un dossier collectif. (...)

Elle s’attendait, au vu de son placement en détention provisoire, à un contrôle judiciaire assez sévère qui l’empêcherait de préparer une défense collective avec ses coprévenus. Il n’en est rien, et elle attend aujourd’hui un procès qui devait avoir lieu le 27 février et a été repoussé à la dernière minute au 28 mars. Pour elle, sa détention provisoire est une forme de « coup de pression » sur le mouvement antifasciste, qui a pour but de « faire peur » aux militant·es. (...)

Une volonté de neutraliser l’engagement militant

Dans chacun des témoignages recueillis, le même sentiment revient, celui d’une volonté de « traumatiser » les mouvements sociaux. Pour Vanessa Codaccioni, maîtresse de conférences en science politique à Paris-8 et spécialiste de la justice pénale et de la répression, c’est un sentiment qui n’est pas anodin et trouve un fond de vérité (...)
"l y a une multiplication des interpellations à des fins de garde à vue, qui ont plusieurs objectifs : neutraliser, empêcher de continuer une lutte, empêcher de manifester… Et faire peur, alerter, casser des engagements militants, notamment dans le cas de jeunes ou de primo-manifestant·es qui peuvent être complètement traumatisé·es par leurs gardes à vue." (...)

Face à cette évolution, les formations « anti-répression » se multiplient dans les milieux militants (...)