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NOUVEL OBSERVATEUR
Qui a peur de WikiLeaks ?
Article mis en ligne le 4 décembre 2010

Il y a deux types de réactions face aux révélations que le site WikiLeaks distribue depuis une semaine dans les plus grands journaux de la terre : celles des « grands », et celles des « enfants ».

Les enfants, ce sont nous, tous les journalistes qui nous amusons à exposer des documents confidentiels dans tous les médias disponibles. Et sans doute les lecteurs font ils eux aussi partie majoritairement de ce groupe des enfants, heureux de regarder à travers la serrure ( pour s’apercevoir qu’il ne se passe rien derrière la porte, et que les Puissants de ce monde n’en savent pas plus que ceux qui lisent les journaux ! Obama ou Clinton ne sont pas plus avancés, mieux informés que n’importe quel abonné d’un bon journal.) Comme les jeux d’enfants, ce sont donc des joies simples. Peu importe le fond de l’histoire, que les informations publiées soient bouleversantes ou pas : pour les journaux, ce qui est amusant, c’est de révéler des secrets, qui plus est les secrets du Papa de la terre, l’Oncle Sam américain. Etre plus fort que la plus grande puissance mondiale, peut-on espérer mieux quand on est Rouletabille, et que l’objet de son travail est justement de révéler tout ce qui est caché ?

Et puis, autour de ces enfants, ravis de leur bonne farce, mais - plus sérieusement- ravis aussi de prouver ainsi leur utilité sociale à tous les peuples des pays démocratiques, à un moment où tous les médias sérieux sont menacés de fermeture ou de réduction de leurs moyens de travail.

Mais autour de nous, il y a donc les « grands », les gens sérieux, les gens qui pensent que seuls les gens comme eux ont le droit de détenir ces secrets qui n’en sont pas, et que leur révélation est dangereuse pour les démocraties, que Julian Assange est dangereux. Sur ce thème-là, j’ai entendu Hubert Védrine sur France Inter, mais il n’est pas seul bien sûr : tous les pouvoirs de la terre sont effarés. Qui a tort, qui a raison ? Celui qui veut garder son pouvoir, ou celui qui veut éclairer tous les recoins de la planète ? A vrai dire, chacun a raison : le journaliste, parce que c’est son travail, et le gouvernant, parce que son travail à lui est faire avancer les choses du monde le mieux possible (et donc sans doute, avec un peu de secret, car que serait on sans nos secrets les uns et les autres ? pas grand-chose). Le gouvernant n’a donc qu’à se débrouiller pour mieux verrouiller ses secrets ! (...)

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