
Pour faire suite aux textes précédents sur ce blog, aux commentaires entendus sur les publications concernant le revenu d’existence que je signalais précédemment et à certains propos tenus pendant cette campagne à nulle autre pareille, un peu de raison contre la post-vérité.
Le travail est fini, il faut donc distribuer plus de revenus
Que le travail soit fini est l’une des hypothèses de base des théoriciens du revenu d’existence. Si l’hypothèse s’avérait exacte dans l’avenir, la conclusion serait contradictoire avec elle, car tous les revenus sont engendrés par le travail.
Ceux qui sont conscients de la contradiction cherchent une échappatoire. Sont évoquées tour à tour ou ensemble : (...)
Le travail est fini à cause des robots
C’est l’une des explications du chômage les plus entendues, mais aucune donnée ne la confirme : (...)
Le travail est fini, devenons écologiste
Au croisement du travail et de l’écologie, on entend qu’une économie écologique réduira le temps de travail. Le temps de travail de quoi, de qui ? Pour produire propre, durable, biologique, répondant aux besoins de tous, il faut plus de travail que pour produire sale, polluant, obsolète au bout de huit jours, et réservé à une minorité. Tant que les besoins sociaux et écologiques essentiels ne seront pas satisfaits, il faudra globalement plus de travail et créer des emplois, mais c’est le temps de travail individuel qui devra diminuer pour partager le travail à accomplir et prendre le temps de respirer.
Si on ne fait pas cette distinction entre volume global du travail et temps de travail individuel, diminution du volume global du travail + décroissance de la production + augmentation des revenus distribués = quadrature du cercle : la post-vérité du créationnisme en économie. (...)
Pourquoi le travail est et restera-t-il un enjeu central dans la société ? Parce qu’il est le syndrome de la crise capitaliste sur le plan social, parce qu’il pose le problème des finalités de la production à transformer et donc de ses finalités et de son respect, parce qu’il pose le problème de ce qu’est la richesse, de ce qu’est la valeur (qui n’est pas toute la richesse), parce qu’il est indissociable de la validation la valeur économique qu’il produit.
À chacune des étapes de cette chaîne de raisonnement, la pensée économique dominante est foireuse : négation du travail, confusion sur la valeur et l’origine des revenus, confusion sur la richesse réduite à celle qui donne profit, négation du caractère productif du travail dans les services non marchands, croyance en la fécondité du capital, de l’argent, des machines, incompréhension du caractère inestimable de la nature… À chacune des ces étapes, il y a, en miroir, une pensée apparemment hétérodoxe qui répète les mêmes apories.