Lors de la réunion des Ministres des Finances et des Gouverneurs de la Zone franc les 9 et 10 avril 2015, la France a annoncé l’annulation de 43 milliards de francs CFA (soit 64,8 millions d’euros) de la dette monétaire du Mali.
Depuis 1984 la France détenait une créance sur le Mali appelée « dette monétaire », dont le montant initial était de 150,2 milliards de FCFA (229 millions d’euros). Cette dette est née au moment de la réintégration du Mali dans l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) en 1984. Elle avait en partie été annulée en 2003 pour être par la suite plusieurs fois réaménagée. Depuis 2007 un mécanisme d’annulation-conversion de la dette dont le principe est le suivant : les échéances de remboursement du Mali sont, dès leur versement à la France, converties en aide budgétaire revenant au Mali. La date d’échéance de cette dette était fixée à 2019.
Au regard de ce mécanisme, le Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde (CADTM) Réseau Afrique considère cette annonce comme une fausse bonne nouvelle. À aucun moment il n’y a malheureusement lieu de se réjouir. Pour le CADTM, la dette malienne envers la France est très largement illégitime, illégale et odieuse et doit par conséquent être annulée. Cette annulation partielle ne résout en rien la question de la dette, elle ne brise nullement le rapport de force qui la fonde.. Le peuple malien pourrait se réjouir si la France annonçait une rupture réelle avec ses politiques françafricaines, reconnaissait ses crimes coloniaux, abandonnait sa politique de pillage systématique des ressources naturelles et convenait du caractère odieux et illégitime de la dette malienne et donc de sa nullité.
Cette annulation produira un petit bol d’air financier qui permettra de payer d’autres dettes envers d’autres créanciers. À aucun moment l’argent libéré ne sera investi dans des infrastructures publiques utiles à la population. La dette dans son ensemble est un prétexte pour brader les matières premières. En contrepartie de cette annulation, le Mali sera forcé par la France de céder l’exploitation de ses ressources aux multinationales françaises.
Cependant, dans le cadre de cette annulation, il serait important de savoir s’il y a une clause qui prévoit que les entreprises françaises, auprès desquelles l’État malien est débiteur, recevront les sommes qui leur sont dues puisque la dette multilatérale recouvre 70 % de la dette malienne, la bilatérale environ 20 % et la part de la France un peu moins d’un tiers. C’est d’ailleurs cette part que la France veut voir revenir sous forme d’investissements pour des transnationales françaises. (...)