(...) A quelques jours du début de la COP21, les messages envoyés simultanément par le Sénat et le PDG d’Engie, Gérard Mestrallet, ont de quoi laisser perplexe. Ce dernier a écrit à François Hollande, le 27 octobre dernier, lui suggérant d’abandonner l’idée d’une taxe sur les transactions financières (TTF) européenne, dont les revenus doivent être affectés à des projets liés au climat, en la remplaçant par un "fonds d’investissement transition énergétique", révèle Le Monde mardi 24 novembre.
Selon Gérard Mestrallet, également président du lobby Paris Europlace et opposant constant à la TTF, ce fonds doté de "10 milliards d’euros à l’horizon 2020" serait irrigué par les contributions des entreprises bancaires, d’assurance et de gestion d’actifs français.
De leurs côtés, les sénateurs qui examinaient lundi en première lecture le projet de loi de finances pour 2016, se sont opposés, à l’élargissement de l’assiette de la TTF française (en vigueur depuis 2012 dans l’Hexagone). Mi-octobre, les députés avaient adopté un amendement prévoyant d’intégrer les opérations "intrajournalières" (intraday) à cette taxe. Le gouvernement, hostile à cet amendement des députés socialistes, avait fini par céder, obtenant que cette TTF élargit ne s’applique qu’à partir du 31 décembre 2016 dans l’espoir qu’un accord sur une TTF européenne voit le jour d’ici là. Celle-ci, qui fait l’objet d’âpres négociations depuis plusieurs semaines, prévoit notamment de prendre en compte l’intraday et permettrait surtout de mettre sur un même pied d’égalité plusieurs pays européens (11 au total).
"On assiste à une offensive très opportuniste contre ces deux TTF à moins d’une semaine de la COP21, réagit Christian Reboul de l’ONG Oxfam. Depuis plusieurs années le lobby anti-TTF est très puissant mais pour ce qui concerne la France, les députés devraient revenir sur le vote du Sénat". En effet, en pleine COP21, le projet de loi des finances 2016 sera examiné en deuxième lecture au palais Bourbon qui aura le dernier mot. "L’Assemblée nationale devrait rétablir l’intraday, mais rien n’est gagné (...)