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Le Monde
Protection des mineurs : à Marseille, les juges redoutent « une catastrophe »
Article mis en ligne le 24 février 2022
dernière modification le 23 février 2022

De nombreuses mesures de protection décidées par les juges des enfants du tribunal de la cité phocéenne ne sont pas applicables faute de moyens.

Les onze juges des enfants du tribunal judiciaire de Marseille ont des sueurs froides. Plus de 500 mesures d’action éducative en milieu ouvert (AEMO) qu’ils ont ordonnées en réponse à une alerte sur la situation d’un mineur en danger attendent une hypothétique prise en charge. Au palais de justice, on redoute en permanence « une catastrophe ». Le drame a déjà été évité de justesse, à l’image du cas de cette mère dépressive qui menaçait de jeter ses enfants dans le vide depuis son appartement situé dans une tour de quinze étages alors que, plusieurs mois plus tôt, une juge avait ordonné une protection judiciaire. (...)

En février 2021, le président du tribunal et la procureure de la République ont tiré la sonnette d’alarme dans un courrier adressé au conseil départemental, chargé de l’aide sociale à l’enfance (ASE), qui finance l’AEMO à hauteur de 12 millions d’euros par an. A l’époque, ce sont quelque 900 mineurs qui figurent sur la liste d’attente de Sauvegarde 13, association habilitée à mener ces mesures de protection judiciaire. Les juges des enfants signent des prolongations d’AEMO alors même que les mesures n’ont pas commencé à être exécutées. « Si on considère qu’une attente supérieure à six mois vide de son sens la mesure judiciaire, que dire des 20 % de mesures qui sont en souffrance depuis plus d’un an ? », déplore Laurence Bellon, coordonnatrice du tribunal pour enfants. (...)

Plusieurs facteurs expliquent cette flambée des mesures AEMO non exécutées. A la mi-2020, Sauvegarde 13 fait le choix de limiter à 28 enfants le nombre de mesures attribuées par éducateur ou assistante sociale, respectant ainsi une norme nationale et évitant l’explosion du service. (...)