Ballon d’essai, mode d’emploi. Depuis quelques mois, la rumeur monte : devant l’incapacité de l’Etat à entretenir les routes nationales, ce même Etat pourrait être tenté d’en privatiser certaines portions. La rumeur a commencé à prendre corps à l’automne, avec la fuite d’un rapport dans "Le Monde" (lequel rapport, si je lis bien l’article, ne concernait à l’époque que les ""rocades d’accès"").
Contre-offensive immédiate, par exemple ici relayée en avril par un "fact-checkeur" de Jean-Jacques Bourdin, sur RMC. Mais enfin ! Ce n’est qu’une rumeur ! Privatiser des routes ! Qu’allez-vous imaginer ? (...)
Résultat des courses à la fin juin : deux amendements subreptices, votés le week-end dernier dans la loi d’orientation sur les mobilités (LOM). Je vous laisse lire à la loupe cette enquête de Check News, je vous laisse slalomer entre les termes techniques (par exemple, "section à gabarit routier" signifie "route". Une route à 2 fois une voie ne sera plus une route. Ce sera une ""section d’autoroute à gabarit routier""). Fort bien, mais ces nouvelles routes seront-elles payantes ? Si Checknews ne conclut pas, la conclusion s’impose : soit ces nouvelles autoroutes concédées seront en effet payantes, comme les "vraies" autoroutes, soit les sociétés réclameront en compensation un allongement de leur durée de concession, ou une augmentation des péages. Deux solutions juridiquement hasardeuses. Tirez-en la conclusion vous-mêmes.
(...) Ces coups-là se font en douce, ou devraient se faire en douce, comme la privatisation des aéroports. A propos, vous l’ai-je dit ? Mon nom ayant disparu des listes électorales de ma commune, et donc dans l’incapacité de soutenir la proposition de référendum, j’ai déposé une réclamation. Ce qui fait de moi l’heureux propriétaire d’un récépissé de réclamation, le numéro 93ZVI-611H-AYWW3-BLM9T. Désormais, ne m’appelez plus autrement !