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Privatisation de l’école, le fiasco suédois
Article mis en ligne le 10 septembre 2018

Le système éducatif suédois répond à l’image positive qu’on donne des pays scandinaves : une école qui donne confiance en soi, qui ne pratique pas de sélection précoce, qui réduit les inégalités, et où la pédagogie n’est pas «  un gros mot  ». Des études récentes ont montré que la privatisation de l’école est un véritable fiasco.

En Suède, la liberté la plus grande laissée aux chefs d’établissement a mené à un échec retentissant. L’objectif poursuivi par l’actuel gouvernement n’est donc pas l’efficacité. Mais simplement d’appliquer à l’éducation en premier lieu un nouveau mode de management des fonctionnaires. Une gestion dont l’objectif vise à en finir avec les fonctionnaires et leur statut.

Rappel du modèle suédois : Quand l’école se transforme en entreprise par Nadine Ayoub

"Au début des années 1990, la Suède a réformé son système scolaire en mettant en place des Friskol, des écoles privées entièrement gratuites. Comment ça marche ? L’État finance la scolarité de chaque élève au moyen de chèques éducation qui sont remis directement aux écoles. Toutes les familles suédoises – aisées ou défavorisées – peuvent bénéficier de ce système. Les Friskol sont gérés par des entreprises, des associations ou des fondations. Quant aux enseignants, ils sont embauchés directement par l’école.
La Suède est le premier pays européen à avoir expérimenté ce modèle. L’objectif des Friskol est d’offrir aux parents l’accès à un large choix d’écoles. Quel que soit le type d’établissement – pédagogie alternative ou enseignement confessionnel – les familles peuvent en profiter. Par conséquent, les écoles publiques sont en concurrence directe avec les Friskol. Afin de ne pas perdre d’élèves et donc de subventions, les écoles publiques sont obligées de redoubler d’exigence quant au niveau de l’enseignement qu’elles dispensent. Aujourd’hui, un quart des établissements scolaires du secondaire sont privés, dont la moitié appartient à des entreprises."

"Si le système éducatif suédois a connu pendant longtemps un grand succès, comptant parmi les meilleurs d’Europe, le pays connaît aujourd’hui sa plus forte chute dans le classement Pisa (Programme international pour le suivi des acquis des élèves). Depuis une dizaine d’années, sa performance ne cesse de se dégrader, notamment en mathématiques (...)

Des études ont montré que par mesures d’économie les Friskol embauchent non seulement moins de salariés mais aussi des enseignants moins qualifiés. Plusieurs établissements ont fait faillite ces dernières années dont la société John Bauer, propriété du groupe d’investissement danois Axcel, qui a laissé une dette de plus de 100 millions d’euros. Du jour au lendemain, 11 000 élèves se sont vus privés d’école et 1 000 enseignants se sont retrouvés au chômage. D’après l’entreprise, les difficultés financières sont liées à une baisse du nombre délèves dans le secondaire. Aujourd’hui, un collège suédois sur quatre est déficitaire. Malgré ce bilan inquiétant, le gouvernement suédois ne compte pas en finir pour le moment avec le système des Friskol. Selon des sondages récents, les Suédois sont toujours majoritairement favorables à ce modèle scolaire, mais ils se montrent de plus en plus réticents vis-à-vis des entreprises qui s’enrichissent sur le dos de leurs enfants." (...)

Le Monde Diplomatique septembre 2018 : Privatisation de l’école, le fiasco suédois par Violette Goarant

« La relation devient celle d’un client et d’un prestataire » (extrait)
"La concurrence du privé influence fortement le système public, d’autant qu’elle s’ajoute à une réforme pédagogique commune d’individualisation des apprentissages qui laisse plus de liberté aux élèves — et défavorise ceux des familles les plus modestes. « La relation entre l’élève et le professeur devient celle d’un client et d’un prestataire », (...)

Notre école deviendra-t-elle une entreprise avec la mise en place d’un marché éducatif ? Devons nous faire du profit sur l’éducation des enfants ?