
Un collectif de personnels et d’enseignants des universités appelle à un grève reconductible à partir du 5 mars. En plus de la réforme des retraites, qui les pénalise fortement, les enseignants-chercheurs font face à une réduction constante des postes et des moyens.
Comme l’hôpital, l’université est à bout. Les enseignants vacataires ont protesté contre leur très grande précarité (Basta ! en parlait ici). Le système de sélection instauré par Parcoursup a mobilisé les étudiants, puis la dégradation de leurs conditions d’étude et de vie, illustrée notamment par le délabrement de certaines résidences du Crous (lire notre article). La réforme des retraites a mis dans la rue une partie des enseignants-chercheurs. À partir de ce jeudi 5 mars, une coordination des universités et laboratoires de recherche en lutte appelle à une grève reconductible.
« De nombreux collègues sont déjà en grève, totale ou partielle, depuis le 5 décembre. L’idée aujourd’hui, c’est de mener un grève plus massive et commune à partir du 5 mars », explique Marie Sonnette, maître de conférence en sociologie à Angers et porte-parole de la coordination nationale des facs et labos en lutte.
Pourquoi cette nouvelle mobilisation ? Les signes d’une fin programmée de l’enseignement supérieur public se multiplient. D’abord, les universités françaises se précarisent depuis des années (...)
Un poste fixe à l’université ? Pas avant l’âge de 34 ans
Comme l’université recrute de moins en moins d’enseignants-chercheurs titulaires, elle recourt de plus en plus à des vacataires pour assurer les cours ou son fonctionnement. Environ 130 000 enseignants vacataires y travaillent [2], alorsque les campus français comptent 48 000 enseignants-chercheurs titulaires [3].
Les vacataires travaillent souvent sans contrat, sont payés au nombre de vacations, parfois en dessous du Smic, dans des délais pouvant s’étirer jusqu’à six mois après avoir donné leurs cours. Ces très précaires ne sont pas les seuls (...)
Autre conséquence de ces recrutements en berne : entamer une carrière dans la recherche publique se fait toujours plus tardivement. L’âge moyen des lauréats des concours de maître de conférence – le premier grade d’enseignant-chercheur titulaire à l’université – était de 34 ans en 2016 (...)
Avec la réforme des retraites, 40 % de pension en moins
Ensuite, les enseignants et les chercheurs, même les titulaires, sont touchés de plein fouet par la réforme des retraites.
La ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Frédérique Vidal, envisage aussi de faire adopter en 2020 une loi de de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR). Celle-ci risque de fragiliser encore davantage les universités, en particulier les plus petites. (...)
Un « processus général de néo-libéralisation de l’université »
Le 27 février est paru un décret, issu de la loi de « Transformation de la Fonction publique », qui crée déjà un « contrat de projet » dans la fonction publique. Il ouvre la possibilité de faire travailler les personnels sur un pseudo CDI, mais de projet : le contrat prend fin quand le « projet » prend fin, au bout de six ans maximum, et sans titularisation à la clé (...)
Enfin, les chercheurs en poste fixe rencontrent aussi toujours plus de difficultés pour faire financer leurs travaux. Là aussi, c’est le financement sur projet, de quelques années seulement, qui prévaut. (...)