Où en est la régulation du secteur bancaire et financier ? Quatre ans après le début de la crise, le bilan est bien maigre, déplore Pascal Canfin, député européen écologiste et cofondateur de Finance Watch. Après avoir bénéficié de la généreuse assistance des États, les banques et leurs dirigeants freinent la moindre tentative de régulation et continuent d’organiser la fraude fiscale. Pourtant, plusieurs mesures simples existent pour reprendre le contrôle de la finance folle.
(...) La moitié des profits de la Société générale dans le monde sont localisé dans un seul pays. Devinez lequel ! Le Luxembourg. (...)
Elles spéculent sur les matières premières et sur les dettes des États, elles pratiquent l’évasion fiscale, elles ont des filiales dans les paradis fiscaux. Parmi les 14 grosses banques d’affaires mondiales – celles qui font le plus de lobbying –, 3 sont françaises : BNP Paribas, la Société générale et le Crédit agricole. Les actifs de BNP sont aujourd’hui supérieurs au PIB de la France
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Les bourses font fuir les investissements de long terme. Le système fonctionne à l’envers. C’est comme si deux chaînes de télévision retransmettaient en direct un grand prix de Formule 1, et que l’une d’elles avait investi des centaines de milliers d’euros pour retransmettre une seconde avant l’autre, ce qui lui permet de prendre des paris avant les autres… Si on met fin à certains produits financiers, le monde ne s’écroulera pas. Avant l’existence du trading de haute fréquence, l’économie fonctionnait. Roosevelt avait déjà interdit des produits similaires aux Credit default swap (CDS)… On n’en est même pas là, puisque l’on a seulement interdit les « CDS à nu » ! Tout le monde veut continuer à jouer. Et comme toujours, il n’y a qu’un seul acteur qui peut payer in fine, si tout s’écroule : l’État. C’est pour cela qu’il doit réguler le système. Il n’y pas de régulation « interne » possible des marchés. (...)
Il y a une mesure très simple à prendre concernant les assurances vie. Quand vous ouvrez un contrat, vous pouvez placer votre argent en obligations d’État ou en actions du CAC 40. Mais la société de gestion de fonds peut reprêter l’argent à qui elle veut [3]. Je me bats pour interdire ces « prêts de titres ». Il suffirait de mettre une clause dans chaque contrat d’assurance vie pour demander aux épargnants s’ils autorisent ou pas cette pratique. Les épargnants, informés, prendront alors leurs responsabilités. Si une majorité des Français s’y oppose, cela assèchera ce système et ces pratiques spéculatives. (...)
Il faut aussi réformer le statut de l’Autorité des marchés financiers, pour qu’il y ait pas que des représentants de la communauté financière, mais aussi des organisations de consommateurs, des clients, des organisations comme Finance Watch. C’est une décision qui ne coûte rien, qui peut être prise en un mois, par un décret.
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