
La destruction des écosystèmes est une des causes de la pandémie de Covid-19. Sans changement radical de notre rapport à la planète, d’autres drames sanitaires sont à prévoir. Mais, dans la perspective de la catastrophe économique à venir, les décideurs sauront-ils prendre conscience de ce qu’il se passe en écoutant et respectant les citoyens ?
États-Unis, Allemagne, France. Tour à tour, les pays industrialisés se préparent à relancer leur économie mise à l’arrêt par le coronavirus. Chacun y va de son plan « historique », alignant dollars et euros sans rechigner. Petit hic, relevé notamment par le Journal de l’environnement : à ce stade, aucun programme ne s’interdit de renflouer des entreprises polluantes ou destructrices de la biodiversité. (...)
À Paris, le gouvernement a rejeté l’initiative de 45 députés qui portaient un « grand plan de transformation de notre société en faveur du climat, de la biodiversité, de la solidarité et de la justice sociale ».
« Il ne faut pas qu’on recommence le “business as usual”, on ne peut pas remettre de l’argent dans une économie mortifère pour la planète, pour les écosystèmes et les humains », prévient Serge Morand, écologue du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), spécialiste des liens entre biodiversité et épidémies. (...)
Dans une lettre ouverte, plusieurs centaines de scientifiques, membres d’ONG et personnalités, tel Carlos Manuel Rodriguez, le ministre de l’Environnement du Costa Rica, ont ainsi lancé un appel à une réponse commune et ambitieuse face à « l’urgence planétaire » :
La façon dont les dirigeants décident de stimuler l’économie en réponse à la crise du coronavirus va soit amplifier les menaces mondiales soit les atténuer, et ils doivent donc faire des choix judicieux. Le risque est de prendre des décisions à courte vue qui augmentent les émissions et continuent à dégrader la nature à long terme. (...)
En clair : sans changement radical, les mêmes causes produiront les mêmes effets. (...)
Philippe Grandcolas, directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), souligne les racines environnementales qui sous-tendent l’épidémie (...)
« On a plus d’incitations à détruire la biodiversité qu’à la protéger, l’économie étant fondée sur la destruction de la biodiversité » (...)
« Il n’est pas certain que la moindre leçon ait été tirée de la catastrophe des mégafeux australiens » (...)