Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
ATTAC
Pour le climat, pour les emplois : un plan de reconversion écologique et social du secteur aérien
Article mis en ligne le 25 juillet 2020

Alors que les plans de suppressions d’emplois (5000 en France et 15000 dans le monde chez Airbus, 7580 chez Air France, 700 chez Aéroports de Paris...) s’enchaînent dans le secteur aérien, il est urgent de mettre en œuvre un plan global de reconversion écologique et social de l’ensemble du secteur

Le secteur aérien est un grand pourvoyeur d’emplois, à la fois dans les compagnies aériennes, les aéroports et l’industrie aéronautique, mais pose un problème écologique majeur. Par ses émissions de gaz à effet de serre, il contribue de plus en plus aux bouleversements climatiques. Il est le mode de transport le plus émetteur de gaz à effet de serre par personne et kilomètre parcouru : au moins deux fois plus émetteur de CO2 que la voiture et 14 à 40 fois plus que le train. De plus, les avions sont un facteur de dégradation de la qualité de l’air, avec des conséquences néfastes sur la santé. Pourtant, toutes les entreprises du secteur envisagent une augmentation des vols et du nombre de passagers transportés. Or, il ne peut y avoir de décroissance des pollutions engendrées par les avions sans décroissance du trafic.

Étroitement lié au complexe militaro-industriel, le développement du transport aérien est donc contraire à la perspective de sortie des énergies fossiles. Il renforce l’influence des grandes entreprises sur les politiques publiques dans le domaine du commerce, du développement économique et du climat. Il bénéficie également d’aides publiques, en particulier en matière de fiscalité, en France comme en Europe, l’Union européenne (UE) apparaissant comme un véritable paradis fiscal pour le transport aérien.
Les promesses d’avions non polluants font partie de ces mirages technologiques qui évitent d’avoir à poser la question des nécessaires modifications à opérer dans l’organisation des transports. Pourtant, en réalité, le transport aérien dépendra encore longtemps des énergies fossiles.

Enfin, contrairement aux promesses d’une démocratisation de l’aérien, les usages de l’avion sont marqués par de très fortes inégalités : seule une infime minorité de la population mondiale y a accès.

Du côté des salarié·e·s, l’aérien est constitué d’une multitude d’entreprises, avec une sous-traitance en cascade, une précarité toujours plus forte et des conditions de travail qui se dégradent. (...)

Un tel plan de reconversion doit associer largement les syndicats de salarié·e·s, les collectivités territoriales (en particulier celles comme la région Occitanie dont l’économie est fortement dépendante du secteur), les ONG environnementales et climatiques, etc.

Ce plan devra fixer les mesures liées à une forte réduction de l’activité du secteur (...)

Des mesures contribuant à la réduction de l’activité du secteur devront être prises, dont certaines proposées par la Convention citoyenne pour le climat, mais il sera nécessaire d’aller plus loin :

« Adopter une écocontribution kilométrique renforcée, organiser progressivement la fin du trafic aérien sur les vols intérieurs d’ici 2025, uniquement sur les lignes où il existe une alternative bas carbone satisfaisante en prix et en temps (sur un trajet de moins de 4h) » et en interdisant la reprise de ces créneaux horaires par d’autres transporteurs aériens, limiter les voyages d’affaires en développant l’usage de la visioconférence, « mettre un terme aux exonérations fiscales : obliger les compagnies aériennes à payer une taxe sur le kérosène et remplacer les programmes de fidélité qui incitent à prendre davantage l’avion, par des taxes équitables et progressives qui pénalisent ceux qui le prennent souvent », instaurer "des quotas individuels carbone pour limiter les trajets en avion", avec des exceptions prévues.
Certaines de ces mesures nécessiteront une concertation au niveau européen.

Pour les salarié·e·s, il faut stopper les plans de licenciements, réduire massivement le temps de travail et favoriser les départs en retraite anticipés. Il faut faire en sorte que les effectifs répondent aux besoins, notamment en matière de sécurité, et travailler aux reconversions professionnelles des salarié·e·s qui le souhaiteront, notamment pour pouvoir travailler dans des secteurs nécessaires à la transition écologique. Cela ne peut que passer par un maintien des salaires, un droit à la formation, le maintien des niveaux de qualification dans un futur emploi, bref, une sécurité sociale professionnelle, financée par les entreprises de l’aérien et, si besoin, par l’État.

Pour éviter un désastre annoncé, comme de nombreuses régions ont pu en connaitre par le passé (Détroit et la crise de l’automobile, la Lorraine et la disparition de la sidérurgie...), l’État doit prendre ses responsabilités : non, l’urgence n’est pas au sauvetage des grandes entreprises du secteur et de leurs bénéfices, sans aucune contrepartie, elle est à la décroissance du trafic et au soutien des salarié·e·s dans cette démarche.

C’est donc ensemble, écologistes, altermondialistes, salarié·e·s et syndicalistes que nous devons nous retrouver, pour mettre fin au pouvoir des actionnaires.