Nuit à l’aéroport, errance de foyers en hôtels : contrairement à leurs prédécesseurs, les derniers anciens employés afghans de l’armée française rapatriés en France n’y sont plus accueillis et encadrés par l’Etat, et n’évitent la rue que grâce à la solidarité d’autres Afghans, d’élus et d’associations.
Après le retrait français du pays fin 2012, ils ont fait état de menaces et demandé un visa pour Paris, comme une partie des quelques 770 personnels civils de recrutement local (PCRL) employés par l’armée française à partir de 2001. Et l’ont obtenu sept ans après, mais pas avec les mêmes droits. (...)
ceux qui ont eu leur visa après contentieux en justice doivent payer leur billet et, une fois en France, se débrouiller seuls pour obtenir le droit d’asile. Sachant qu’une partie, comme Jamil, ne parle pas français. (...)
Abdul Hai Sattary, 62 ans dont 5 comme interprète anglophone de l’armée française, a lui atterri à Roissy le 24 juillet, avec ses deux enfants et sa femme, handicapée et en fauteuil roulant.
Ne sachant où aller, ils passé la nuit dans l’aéroport. Finalement accueillis quelques jours par un autre ex-interprète afghan, ils sont aujourd’hui logés dans un hôtel par une commune.
"On va au Restos du coeur (banque alimentaire, NDLR), où on nous donne du lait, des boîtes de thon, du pain et des gâteaux. Rien d’autre, car on ne peut pas cuisiner à l’hôtel", explique M. Sattary, dépité.
Pour l’Association des interprètes afghans de l’armée française, la France a restreint l’aide pour tenter de décourager les autres candidats. En vain, selon sa vice-présidente Caroline Decroix, car peu importe ce qui les attend à l’arrivée, les Afghans, "en danger chez eux", "veulent être protégés, c’est tout".
Interrogés par l’AFP, les ministères concernés (Affaires étrangères, Armées, Intérieur) évitent de s’exprimer sur le sujet. (...)
Quelque 150 ex-PCRL afghans recalés se disent menacés et réclament un visa, mais pour l’administration, "il est difficile de faire un lien entre ces menaces et leur fonction au sein de l’armée française" il y a au moins sept ans, argumente une source proche du dossier.
"Les menaces restent nombreuses encore aujourd’hui", répond Quentin Muller, qui a publié cette année avec Brice Andlauer un livre sur le sujet, "Tarjuman, enquête sur une trahison française" (Bayard). (...)