
(...) La crise migratoire à la frontière polonaise est-elle en train de se réactiver ? C’est ce qu’affirment les autorités polonaises. Le commandant en chef des garde-frontières polonais, le général Tomasz Praga, a affirmé lundi 7 août que 19 000 migrants avaient tenté d’entrer en Pologne depuis le début de l’année, contre 16 000 sur toute l’année 2022. "Le record" a été battu en juillet, avec plus de 4 000 personnes qui ont essayé de passer la frontière, a-t-il précisé.
"Il s’agit d’une opération organisée par les services spéciaux russes et biélorusses, de plus en plus intense", a, de son côté, déclaré à la presse le vice-ministre polonais de l’Intérieur Maciej Wasik. Les services biélorusses se sont transformés en "un groupe criminel ordinaire qui organise la migration illégale", a abondé Tomasz Praga, ajoutant que cette activité leur permettait de générer "d’énormes profits".
Pour faire face à la situation, les garde-frontières polonais ont demandé lundi l’envoi d’un millier de soldats supplémentaires dans la zone frontalière.
Attaque "hybride"
Cette situation rappelle celle qui avait débuté à l’été 2021 lorsque des milliers de migrants et de réfugiés, principalement originaires du Moyen-Orient, avaient traversé ou tenté de traverser la frontière polonaise. (...)
Cela avait entraîné une crise diplomatique entre l’Union européenne (UE) et son voisin biélorusse. Bruxelles et Varsovie ont accusé le régime de Minsk d’orchestrer cet afflux avec son allié russe, dans le cadre d’une attaque "hybride", ce que Minsk a toujours démenti.
En réponse, la Pologne avait fermé, pendant neuf mois, l’accès à la frontière aux non-résidents, y compris aux travailleurs humanitaires et aux médias.
Elle y avait dépêché des milliers de soldats et de policiers, construit une barrière métallique équipée d’installations électroniques et approuvé une loi autorisant les refoulements des migrants, une pratique condamnée par des organisations et la justice internationales.
"Près de 200 personnes disparues"
Une crise humanitaire s’est depuis installée dans la région car de nombreux exilés se sont retrouvés coincés dans l’immense forêt de l’est de la Pologne, survivant parfois plusieurs jours sans eau, ni nourriture. (...)
Depuis l’été 2021, au moins 28 migrants sont morts dans la zone - côté polonais comme biélorusse - d’après un rapport de l’ONG polonaise Grupa Granica. "Dont 13 en 2022", précisait en janvier dernier l’une de ses autrices, Aleksandra Loboda, à InfoMigrants. "Mais il pourrait y en avoir plus, redoutait-elle, car avoir des informations fiables à cette frontière est difficile. Ce dont nous sommes sûrs en revanche, c’est que près de 200 personnes sont à ce jour portées disparues."
Cette région de forêts et de marais est très dangereuse pour les migrants. (...)
À cet endroit, les migrants portent également, souvent, les stigmates de la violence des garde-frontières. Depuis l’arrivée des premiers groupes de migrants dans la région, celle-ci n’a jamais cessé, d’après les associations sur place. (...)