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Polémique. L’école Espérance Banlieue fait sa rentrée ce jeudi à Reims
Article mis en ligne le 9 septembre 2018

L’école Espérance Banlieue s’est implantée dans l’école publique Barthou, située aux frontières des quartiers Wilson, Châtillons et Maison Blanche à Reims. Réputée proche de La Manif pour Tous, avec port de l’uniforme obligatoire et chant de la Marseillaise, l’école fait grincer des dents.

Depuis février dernier, il y a une école qui fait grincer des dents certains élus à la mairie de Reims.

Il s’agit de celle appartenant au réseau Espérance Banlieue (Cours Colibri), créé en 2012, avec pour vocation officielle de "scolariser les enfants des territoires marqués par un fort taux d’illettrisme et de décrochage scolaire pour lutter contre l’échec scolaire et transmettre le meilleur de la culture française, afin de permettre à ces jeunes d’épanouir leurs talents en apprenant à aimer leur pays." Au programme entre autre : chant de la Marseillaise, ou encore port de l’uniforme.

Cet établissement se dit aconfessionnel.

Outre les enseignements, c’est la nature de l’école qui est en cause pour les élus de l’opposition. L’école n’a aucun lien avec l’Etat, étant catégorisée comme "privée hors contrat". Pour l’opposition, l’implantation au sein d’un ensemble scolaire public est illégale. L’affaire quant à elle est toujours devant le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne.
En février dernier, au moment de l’annonce de l’implantation de l’école dans ce lieu, l’Unsa avait lancé une pétition contre l’ouverture de cette école, avec plus de 500 signataires à l’époque.

Au total pour le moment, on dénombre 4 enfants inscrits à l’école de Reims. (...)

Lire aussi :
Les écoles privées Espérance banlieues essaiment, leur succès interroge Par AFP , publié le 26/01/2017

Asnières-sur-Seine - Dans les quartiers en difficulté, les cours de la Fondation Espérance banlieues essaiment, séduisant des parents d’élèves déçus de l’Education nationale, au grand dam des tenants de l’enseignement public, inquiets devant cette "offensive" du privé.
Un premier établissement ouvert en 2012, 8 aujourd’hui, 5 à 15 de plus à la rentrée prochaine : ces écoles hors contrat se multiplient, bénéficiant du soutien affiché de personnalités comme Harry Roselmack ou Jamel Debbouze et d’une couverture médiatique habilement suscitée.

Et l’intérêt récemment manifesté par François Fillon ou Emmanuel Macron leur ont donné un surcroît de visibilité.

En visite ce jour-là dans le cours Antoine de Saint-Exupéry ouvert en 2015 à Asnières, le fondateur Eric Mestrallet, un chef d’entreprise, parle de "vraie désespérance éducative" dans les banlieues. "L’école républicaine a besoin d’être revitalisée", avec des classes à "petits effectifs" (15 élèves en moyenne) au sein desquelles "la transmission du patrimoine puisse se faire, où la fraternité ne soit pas qu’un mot au frontispice d’une mairie", estime-t-il.

Espérance banlieues "est une offre scolaire porteuse de valeurs" qui "répond à une attente des citoyens déçus par l’enseignement public", abonde le maire d’Asnières Manuel Aeschlimann (LR).

Lever du drapeau et Marseillaise entonnée chaque matin, élèves en uniforme vouvoyés par leurs enseignants, corvées, non-mixité dans les groupes de travail : le cadre change en effet radicalement de celui de l’Education nationale.

Mais les méthodes sont parfois plus étonnantes, comme cette séance en classe de remerciements collectifs ("Merci X pour ton sourire", "Merci Y de m’avoir aidé à faire mes devoirs"...) ou cette séquence pendant laquelle un professeur mimant un lapin explique le bien-fondé des marques de politesse aux élèves réunis dans la cour.

"Ici, je me sens utile pour les enfants", explique ce professeur, Jean-François Berne, diplômé de l’Edhec, enseignant auparavant dans le public. Il loue "la liberté" d’Espérance banlieues : "J’ai l’impression d’être dans une petite start-up. On n’est pas gêné par la dimension administrative, la paperasse... Ce qu’on fait ici serait impossible dans le public !"

Les écoles Espérance banlieues, qui ne perçoivent pas d’argent de l’Etat, n’ont aucune obligation de suivre les programmes scolaires nationaux. Si certaines ont fait l’objet d’inspections, leurs résultats n’ont pas encore été évalués.

 "Pure philantropie"’ -

Accueillant en grande majorité des enfants de confession musulmane, ces établissements se veulent "neutres" : ni confessionnels, ni laïcs. On retrouve néanmoins de nombreuses références chrétiennes dans l’école d’Asnières : noms de saints donnés à des groupes d’élèves, découpage de rois mages en arts plastiques...

Les détracteurs de cette école alternative dénoncent ses accointances avec les milieux catholiques traditionalistes, Espérance banlieues étant abrité par la Fondation pour l’école dirigée par Anne Coffinier, proche de La Manif pour tous.

Pas de quoi freiner les parents comme Belkacem, habitant de Gennevilliers, qui a choisi ce cours par "peur" que sa fille Leyna "n’aille pas au bout de ses études" dans le public car "le niveau scolaire des villes de banlieue est en déclin".

Jusque là, Espérance banlieues s’est implanté dans des communes classées à droite comme Montfermeil (Seine-Saint-Denis) ou Roubaix. Mais selon M. Mestrallet, des communes de gauche comme Dijon ou Les Mureaux (Yvelines), sont intéressées.

Et d’évoquer un "mouvement de la société civile" qui se place "en dehors de l’échiquier politique" et agit par "pure philanthropie".

Beaucoup plus que par les parents -qui ne payent que 75 euros par mois environ-, ces écoles sont financées en grande partie par les dons défiscalisés de fondations de grands groupes du CAC 40.

Pour Bernard Teper, animateur du Réseau Education Populaire, "il s’agit là d’une offensive patronale visant à démanteler l’école publique".

Même analyse chez Christian Chevalier : le secrétaire général du syndicat enseignant SE-Unsa a "du mal à croire à la philanthropie" et y voit "la vitrine du chèque éducation", dispositif qui permettrait aux familles de choisir librement l’établissement de leurs enfants. Un "projet politique" qui mènerait à "l’explosion sociale", selon lui.

Moins de 1% des enfants de 6 à 16 ans sont actuellement scolarisés dans des établissements hors contrat. Mais leur nombre va croissant, confirme Amélia Legavre, doctorante à Sciences Po spécialisée sur le sujet.