
Près de 50 ans après le début de la mobilisation contre la centrale nucléaire de Plogoff, huit militants de l’époque racontent leur participation à ce combat victorieux.
La victoire de Plogoff, racontée par celles et ceux qui l’ont vécue. De 1974 à 1981, la population de la pointe du Finistère entrait en lutte contre un projet de centrale nucléaire qui devait être construite sur cette petite commune. Les militants antinucléaires obtinrent gain de cause le 12 décembre 1981. Près de quarante-deux ans plus tard, huit d’entre eux reviennent sur leur combat. (...)
En 1978, quand la ville a été retenue pour installer la centrale [d’autres communes étaient pressenties], la mobilisation a pris une autre ampleur, des comités locaux ont été créés partout dans la région. Du 31 janvier au 14 mars 1980 a eu lieu l’enquête d’utilité publique — la veille du lancement de l’enquête, le maire de Plogoff avait brûlé les dossiers devant la mairie !
« Cela a été le début des “messes de cinq heures” : chaque jour, à 17 h, les gardes mobiles qui surveillaient les camions où se déroulait l’enquête publique [appelés les mairies annexes] quittaient leur position. Cela donnait lieu à des manifestations et à des heurts entre les policiers et les manifestants. Le 29 février reste pour nous le “vendredi noir” : des gendarmes parachutistes avaient arrêté une quinzaine de personnes. Pour les soutenir, des militants étaient venus au tribunal avec des lance-pierres autour du cou » ! (...)
« Les femmes ont eu un rôle très important : à Plogoff, beaucoup d’hommes étaient marins-pêcheurs et étaient souvent en mer. Pendant l’enquête d’utilité publique, les femmes allaient tous les jours se planter devant les cordons de gardes mobiles qui surveillaient les mairies annexes. (...)
on a aussi vécu des moments très durs : à l’époque, on ne connaissait pas les grenades lacrymogènes, mais on a vite compris ce que c’était ! Je me souviens aussi d’un ex-gardien de prison qui avait été interpellé, et qui avait été attaché toute une nuit au pied d’un lit… Quand je vois aujourd’hui les images des violences commises par des CRS, ça me fait remonter plein de souvenirs atroces. » (...)
Voilà notre regret : que Plogoff et les communes alentour ne soient pas devenues un laboratoire des énergies douces, dont on a besoin de nos jours. Pourtant, au lieu de mettre le paquet là-dessus, Emmanuel Macron veut imposer le nucléaire avec des prétextes fallacieux, en disant par exemple que c’est une énergie verte. Bref, il se passe beaucoup de choses aberrantes mais, arrivé à un certain âge, on a l’habitude…