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Peur du régime et répression du mouvement social
Article mis en ligne le 5 novembre 2014
dernière modification le 1er novembre 2014

(...) Le chômage et les mesures antisociales d’austérité encouragent toujours plus de personnes à protester dans la rue. Selon les données du gouvernement, mentionnées dans un rapport Amnesty International |1|, il y a eu 14 700 manifestations dans toute l’Espagne en 2012. À Madrid il y en aurait eu 3 419 en 2012 et 4 354 en 2013. Pour faire face à la recrudescence des manifestations et doter la police de plus de pouvoirs pour sanctionner, le gouvernement a impulsé une nouvelle loi, dite de « sécurité citoyenne » (Seguridad Ciudadana, aussi appelée « loi bâillon », ley mordaza).

). Celle-ci remet en cause le droit à la liberté d’association et d’expression, à se réunir et manifester pacifiquement, droits pourtant consacrés dans les traités de droits humains dont l’Espagne est signataire, tel le Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques (PIDCP). Le projet soulève l’indignation alors qu’il condamne les réunions ou manifestations, non communiquées, d’infractions ou délits graves s’ils se déroulent à proximité de lieux tels que le Parlement ou le Sénat ou encore dans des « installations dans lesquelles sont rendus des services basiques pour la communauté ». Les personnes organisant de tels événements sont passibles d’amendes pouvant aller jusqu’à 600 000 euros. Mais, plus généralement, les réunions ou manifestations non-communiquées dans les lieux de passage public sont sanctionnés par des amendes allant de 100 à 600 euros. De plus, l’utilisation non autorisée d’images de la police peut être sujet à des sanctions graves, ce qui encourage les abus et l’impunité, cela met en péril le travail de la presse - principalement alternative - pour alerter l’opinion sur la répression des mouvements sociaux. Contre l’avis d’une grande partie de la population et de tous les partis de l’opposition qui demandent son abrogation, le projet de loi est maintenu après avoir été débattu le 16 octobre au Parlement. Une coordination citoyenne de 70 organisations lance une campagne pour le retrait total du projet de loi. |2|

Alors que celle-ci n’est toujours pas mise en application et que les chiffres d’infractions pénales sont en baisse, des dizaines de milliers de personnes croulent sous les amendes. Plus de 1 000 activistes sont accusés et parfois sous le coup de centaines de demandes d’incarcérations. (...)

Selon le rapport d’Amnesty International |7|, 26 des 35 personnes détenues durant la manifestation « Rodea el Congreso » ont présenté une plainte le 20 décembre 2012, pour lésions, détention illégale, et torture. En effet, la violence du régime n’est pas seulement judiciaire, elle est aussi physique. (...)

Non seulement les nouvelles lois rétrogrades, les procès injustes et les violences physiques indignent une population déjà écœurée par la caste au pouvoir, entachée par une avalanche de scandales de corruptions, mais les réactions populaires sont souvent organisées avec plus ou moins de succès pour contrer ces attaques. L’Espagne entrerait-elle dans une période de rébellion populaire propice à un changement de régime ?