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Pénurie d’assistants familiaux : où placer les enfants placés ?
Article mis en ligne le 25 août 2021

Alors que le parlement examine en ce moment un projet de loi sur les enfants placés, de nombreux départements lancent des campagnes de recrutements pour tenter de stopper l’hémorragie des familles d’accueil. Il manque des centaines d’assistants familiaux pour faire face aux demandes de placement des enfants en danger.

Audruicq dans le Pas de Calais, Saint Gaudens en Haute-Garonne, Rubelles en Seine et Marne : des offres d’emploi pour des assistants familiaux, il y en a des centaines partout en France sur le site de pôle emploi. Et ce n’est pourtant qu’un tout petit reflet des besoins de recrutement de ce qu’on appelait autrefois, un peu abusivement, des familles d’accueil.

Depuis 2005, il faut un diplôme pour exercer ce métier d’assistant familial. Un diplôme et un agrément. "Un vrai parcours du combattant, commente Pierre Stecker, directeur de l’enfance et de la famille du département de la Seine Saint-Denis. Pour devenir assistant familial, les démarches sont longues, le métier est très exigeant. Souvent, les personnes qui se dirigent vers ce métier sont en reconversion. Il faut pouvoir se permettre de se mettre en off pour suivre les études. Ensuite, il faut obtenir l’agrément qui est donné par la PMI. Et tout cela dépend pourtant du même employeur, le département. On pourrait peut-être simplifier tout cela. Car certains se découragent en cours de route."

Le besoin d’assistants familiaux a encore augmenté avec le Covid

Pourtant, il y a urgence à recruter. 40% des assistants familiaux en poste atteindront l’âge de la retraite d’ici cinq ans. Actuellement, environ 40.000 assistants familiaux accueillent quelques 76.000 enfants placés. Avec les différents confinements, les besoins ont augmenté. Les juges des enfants demandent des placements en urgence en famille d’accueil et ne les obtiennent pas forcément. (...)

Il y a aussi les cas de ces enfants laissés dans des familles maltraitantes car le département ne trouve pas de solution de placement pour eux.

Résultat, les enfants arrivent encore plus cabossés chez les assistants familiaux. (...)

Un métier précaire et qui peut bouleverser sa propre famille (...)

"Avant de s’engager, il faut bien réfléchir à ce qu’on va devoir faire supporter à nos propres enfants. Il faut être en mesure d’accepter le pire, l’inaudible, ce qui va secouer toute une famille. Vous ne vivez plus de la même manière quand vous faites de l’accueil. Évidement on est porté par des valeurs humanistes mais pour autant, il faut être conscient de l’engagement qui doit être le nôtre." Ce qui explique, selon elle, que les candidats au métier d’assistants familiaux soient souvent âgés. "Certains préfèrent attendre que leurs propres enfants soient grands, voire aient quitté la maison pour ne pas avoir à leur faire subir les violences ou les difficultés des enfants accueillis." (...)

Rares sont les départements qui n’ont pas conscience de ces difficultés. La revalorisation du métier n’est pas vraiment entre leurs mains mais ils comptent beaucoup sur le projet de loi sur la protection de l’enfance, examiné en ce moment au Parlement, pour faire évoluer les choses. Voté à l’unanimité par l’Assemblée nationale, il sera examiné en octobre par le Sénat. Il prévoit notamment une rémunération, au moins égale au Smic, dès le premier enfant accueilli ou encore le droit au juge de donner la délégation de l’autorité parentale pour certains actes de la vie quotidienne (autoriser l’enfant à participer à un voyage de classe par exemple), sans avoir, comme c’est le cas actuellement, besoin de demander aux parents biologiques.
Il faudrait un accompagnement renforcé pour des situations difficiles

Mais d’autres leviers sont entre les mains des conseils départementaux. À commencer par la formation et l’accompagnement au quotidien. (...)

"Dans le département du Nord, on identifie au moins 300 situations d’enfants pour lesquels les besoins d’accompagnement dans le champ du handicap ou dans la prise en compte du trauma, par exemple, sont très difficile à mettre en place parce qu’il n’y a pas de place. Alors le département s’efforce de mettre en place des relais pour pallier ces manques."

Le Conseil départemental propose ainsi des moments de répit, en accord avec l’assistant familial, par exemple la possibilité donnée à l’enfant de partir en colonie de vacances. Autre levier efficace mis en place dans le département du Nord, l’accompagnement par les pairs, des assistants familiaux ressources qui ont de l’expérience et qui peuvent soutenir leurs collègues.

"Peut-être que d’en parler dans les médias va enfin faire surgir des vocations" (...)

"Dans le département du Nord, on identifie au moins 300 situations d’enfants pour lesquels les besoins d’accompagnement dans le champ du handicap ou dans la prise en compte du trauma, par exemple, sont très difficile à mettre en place parce qu’il n’y a pas de place. Alors le département s’efforce de mettre en place des relais pour pallier ces manques."

Le Conseil départemental propose ainsi des moments de répit, en accord avec l’assistant familial, par exemple la possibilité donnée à l’enfant de partir en colonie de vacances. Autre levier efficace mis en place dans le département du Nord, l’accompagnement par les pairs, des assistants familiaux ressources qui ont de l’expérience et qui peuvent soutenir leurs collègues.

"Peut-être que d’en parler dans les médias va enfin faire surgir des vocations" (...)

Encore faut-il faire connaître ce métier. Pour le sociologue David Grand, auteur d’une étude sur les assistants familiaux pour l’Observatoire national de la protection de l’enfance (Onpe), "il y a un grand déficit de notoriété et encore beaucoup de clichés. (...)

Un argument sera peut-être bien plus décisif : le parcours des enfants. Les études montrent que ceux qui ont été placés en famille d’accueil ont beaucoup plus de chance de s’insérer, une fois adultes, que les autres.