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Reporterre
Partout en France, les « manifs de confinement » prennent de l’ampleur
Article mis en ligne le 1er avril 2020

Le confinement pourrait avoir éteint la colère contre la politique néo-libérale du gouvernement. Mais la colère bout toujours et de nouvelles formes de contestation « confinée » s’inventent.

Applaudir les soignants… mais pas seulement. Mardi 31 mars à 20 h, banderoles et projections sont apparues aux fenêtres un peu partout en France pour une « manif de confinement », à l’appel du collectif Projections Covid-19, soutenu par Art en grève Paris-banlieues, Cortège de fenêtres et Cerveaux non disponibles. « Dans le cadre de la mobilisation contre la réforme des retraites, une date de manifestation était planifiée pour le 31 mars. La colère ne s’est pas estompée, au contraire, cette crise révèle toute l’incohérence d’un système et l’irresponsabilité de nos gouvernants, a écrit Projections Covid-19 sur l’événement Facebook de la manifestation. Nous réclamons des moyens pour sauver le système de santé : des vrais salaires, des postes, des lits, du matériel ! Nous demandons le retrait total de la contre-réforme des retraites. Nous demandons le retrait total de la contre-réforme de l’assurance chômage. » Mardi 31 mars peu après 21 h, une vingtaine de personnes avaient déjà posté des photos de leurs banderoles sur le réseau social. La mobilisation devait se poursuivre dans la soirée avec la projection de vidéos sur des façades d’immeuble, après la tombée de la nuit. (...)

« Nous voulions politiser le moment de solidarité avec les soignants de 20 h, explique à Reporterre Romain, du collectif Projections Covid-19, formé peu après le début de l’épidémie en France par des militants parisiens mobilisés contre la réforme des retraites et de l’assurance chômage et d’artistes marseillais. Applaudir ne suffit plus. Les soignants n’ont pas seulement besoin de reconnaissance mais aussi de lits, de matériel, de vrais salaires et de vraies retraites. Ils étaient d’ailleurs massivement présents aux manifestations de ces derniers mois. » (...)

Mais les revendications de Projections Covid-19 vont plus loin et la mobilisation s’inscrit dans la continuité des mouvements sociaux de 2019 et du début de l’année 2020 : « Nous avons choisi la date du 31 mars car l’intersyndicale avait prévu une manifestation contre la réforme des retraites ce jour-là. C’est aussi l’anniversaire de Nuit debout », rappelle Romain, qui a projeté une vidéo sur une façade de la cour intérieure de son immeuble du XVIIIe arrondissement de Paris.

Le collectif Art en grève, formé le 28 novembre 2019 pour lutter contre la précarité des travailleurs de l’art et de la culture, s’est rapidement associé à ce projet de « manif de confinement ». (...)

Mais au-delà des artistes et intermittents du spectacle, « c’est tous les statuts précaires qui sont mis en lumière. Cela montre à quel point l’assurance chômage n’est pas un système de profiteurs mais relève d’un droit humain ».
(...)

Matou, Vico et Azur [1], habitants du lieu de vie « collectif, libertaire et écologique » « La Copainerie » dans la commune rurale de Semons (Isère), ont l’habitude de manifester à Grenoble. Mardi 31 mars, ils ont déployé une banderole « maintenant qu’on a le temps, on le prend et on le garde » sur la maison et comptent l’y laisser quelques semaines. (...)

Beaucoup de revendications et de messages à faire passer… sans pouvoir descendre dans la rue. Alors, il faut inventer d’autres formes de mobilisation et d’expression et les mettre en œuvre avec plus ou moins de succès. Romain n’a pas attendu le 31 mars pour organiser des projections militantes sur des façades et l’opération a tout de suite été une réussite. (...)

tous entendent entretenir la flamme du mouvement social pendant le confinement, voire de lui rendre vigueur en inventant de nouvelles formes d’action. « Si on reste sans rien faire, le mouvement va s’essouffler. Il est important de faire comprendre à l’État qu’on est toujours là et qu’on veut que ça change » (...)