Objet de soupçons récurrents sur ses pratiques fiscales, le géant pétrolier français a décidé de rendre publique la liste de ses 903 filiales « consolidées », y compris celles qui sont situées dans des juridictions secrètes comme les Bermudes ou les îles Caïmans. L’entreprise promet également de « travailler [à son] retrait effectif » d’une partie de ses implantations dans les paradis fiscaux. Mais Total semble encore loin d’une véritable transparence financière et fiscale.
(...) Transparence : peut largement mieux faire
« Total a établi unilatéralement sa propre liste, sur la base de l’idée que l’entreprise se fait des territoires « considérés » comme des paradis fiscaux, omettant de mentionner sa présence dans des paradis fiscaux européens comme les Pays-Bas, le Luxembourg ou la Suisse, pourtant régulièrement épinglés pour leurs pratiques fiscales », dénoncent les associations [1]. En outre, cette liste de filiales est publiée sans aucune information sur le chiffre d’affaires, les bénéfices ou le nombre d’employés y travaillant. Autant d’éléments constituant le « reporting pays par pays » appliqué aux multinationales : une revendication phare de la société civile en matière de lutte contre l’évasion fiscale. Une proposition de plus en plus reprise dans les institutions internationales. Telle quelle, cette liste ne donne donc pas vraiment les moyens d’y voir plus clair dans les flux financiers internes au groupe (lire notre enquête Les secrets fiscaux bien gardés des entreprises pétrolières et minières françaises). À plus forte raison si Total maintient des filiales dans des juridictions problématiques, qu’il s’agisse d’îles exotiques ou de pays européens peu regardants.