
David Breidenstein, Gwendal Leroy, Xavier, Alain Hoffmann et Laurent Théron ont été mutilés en manifestation. Dans ce podcast de Radio Parleur en deux épisodes, ils racontent ce tir qui a brisé quelque chose en eux, en l’espace d’un éclair. Aujourd’hui, ils se reconstruisent. Certains tentent le retour à la normale. D’autres le combat politique qui donne une épaisseur à ce trauma qu’ils surmontent.
Présentation de l’émission par son diffuseur :
Ils et elles sont les « Mutilé⋅es pour l’exemple ». Comme les fusillé⋅es pour l’exemple, ils et elles disent avoir été pris⋅es pour cible par la police. Pour faire peur aux autres, à tout.es les autres, et faire cesser ce mouvement des Gilets jaunes qui dérange. Être blessé⋅e, qu’est-ce que cela veut dire pour elles et eux ? (...)
Depuis le début du mouvement des Gilets jaunes, 24 personnes sont énucléées. Cinq autres ont perdu une main [1]. Des centaines d’autres ont des blessures plus ou moins graves aux pieds, au visage, souffrent de fractures, ont perdu tout ou une partie de leurs gencives, de leurs dents. Leurs cages thoraciques, leurs crânes, ont été enfoncés, comme une canette en aluminium écrasée par un choc violent. Comme un coup de batte de baseball donné à distance. Un poing d’Hercule vif et impossible à prévoir.
Les blessures graves en manifestation ont été multipliées par dix depuis le mouvement contre la loi Travail, en 2016. (...)
Les personnes blessées témoignent de ce que sont leurs vies aujourd’hui, après ce choc. Plusieurs éléments communs de leur histoire particulière se recoupent. Pour tous, c’est un⋅e policière, pas toujours identifié.e, qui tire une balle de LBD40 ou une grenade de désencerclement. Les enquêtes sont en cours, ou déjà classées sans suite, soit par la justice, soit par l’IGPN, la police des polices. Pourtant, il y a dans leurs cas un faisceau d’informations qui concorde, et pour chacun d’entre eux, il y a une très forte probabilité qu’un tir policier soit responsable de leurs mutilations. Un seul d’entre eux, Laurent Théron, a pu renvoyer le policier qu’il accuse devant un tribunal. Le procès aura lieu l’année prochaine.
Tous racontent n’avoir rien fait pour mériter ce coup de LBD40, cette grenade de désencerclement. Pour plusieurs d’entre eux, ils se trouvaient à l’écart du groupe, en retrait, ou bien en train de filmer des violences policières ou des Gilets jaunes. Aucun ne participe à la stratégie du black bloc, et se décrivent comme « pacifistes ». Ils viennent des quatre coins de la France, et ont été blessé·es à Paris, en manifestation.
Tous et toutes dénoncent des violences policières vécues par les Gilets jaunes et le déni institutionnel et médiatique de celles-ci. En quelques mois de mouvement des Gilets jaunes, les blessé⋅es se sont donc organisé.es pour porter une autre parole, la leur, celle des « Mutilé⋅es pour l’exemple ».
Comment vont-ils ? (...)