
L’ambition du projet de loi “pour l’Équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous” proposé par le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Stéphane Travert, à la suite des Etats Généraux de l’Alimentation semblait déjà bien faible. Ce texte, voté par l’Assemblée nationale fin mai, s’était encore vu considérablement amenuisé par les député-e-s. Il a ensuite été examiné cette semaine par la Commission des affaires économiques du Sénat. Le bilan est accablant.
Hécatombe des mesures pour une “alimentation saine, durable et accessible à tous” : les sénateurs ont eu le même effet sur ce texte que… les néonicotinoïdes sur les abeilles !
Les rares mesures positives qui avaient passé le filtre de l’Assemblée nationale ont été évincées. (...)
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Hécatombe des mesures pour une “alimentation saine, durable et accessible à
AGRICULTURE
PJL Agriculture et Alimentation : détricotage dans les règles par le Sénat
Le 15 juin 2018
L’ambition du projet de loi “pour l’Équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous” proposé par le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Stéphane Travert, à la suite des Etats Généraux de l’Alimentation semblait déjà bien faible. Ce texte, voté par l’Assemblée nationale fin mai, s’était encore vu considérablement amenuisé par les député-e-s. Il a ensuite été examiné cette semaine par la Commission des affaires économiques du Sénat. Le bilan est accablant.
Hécatombe des mesures pour une “alimentation saine, durable et accessible à tous” : les sénateurs ont eu le même effet sur ce texte que… les néonicotinoïdes sur les abeilles !
Les rares mesures positives qui avaient passé le filtre de l’Assemblée nationale ont été évincées.
Restauration collective : 50% de produits dits “durables”, 20% de produits bio.. où en est-on ?
crédit : Elsa Palito / Greenpeace
L’un des articles phare du projet de loi (celui sur l’alimentation saine et durable) concerne la restauration collective et en particulier l’introduction de 50% de “produits durables” (article 11). Cet article, qui était loin d’être parfait, a été vidé du peu de substance qu’il lui restait puisque l’objectif d’atteindre 20% de produits bio, qui devait être pris au travers d’un décret, a été supprimé. L’argument ? Cela favoriserait les importations.
En savoir plus : les arguments du Sénat sur le rejet de l’introduction des produits bio dans la restauration collective contrés par la FNAB.
Concernant le reste de l’article, le Sénat n’a fait que confirmer le manque d’ambition des député-e-s et du gouvernement ! Les 50% de produits dits “durables” incluent en effet tout et n’importe quoi : les produits issus d’exploitations ayant obtenu la certification environnementale de niveau 1 et 2 (qui ne présentent aucune obligation de résultats – seul le niveau 3, la Haute Valeur Environnementale, permet de certifier qu’un produit est durable), ou encore les produits labellisés, tels que le Label Rouge ou encore les appellations d’origine protégées. Pour rappel, le Label Rouge est un label de qualité gustative avant tout. Il n’intègre aucun critère de durabilité, et ne devient intéressant que lorsqu’il est associé à la mention “produit fermier”. Enfin, ça, c’était avant que l’Assemblée nationale n’adopte un autre amendement…
La mention “fermier” jetée en pâture à l’agro-industrie par l’Assemblée nationale sans aucune réaction du Sénat
“Vous ne l’aviez pas rêvé ? Ils l’ont fait quand même”, s’exclamait le journaliste Guillaume Meurice cette semaine au sujet d’une autre actualité du secteur agricole. (...)
Cette mention ne voudra plus rien dire puisqu’un fromage qui n’aura pas été entièrement transformé dans une ferme sera tout de même en mesure d’obtenir cette appellation. (...)
ne rien imposer, sans pour autant donner les moyens aux consommateurs de réaliser par eux-mêmes des choix éclairés.
Un article a réussi à passer les mailles du filet de la commission : celui concernant l’étiquetage de l’origine des miels. L’article ne s’en sort pas indemne pour autant, les sénateurs ayant fait reculer la date butoire de 2019 à 2020. (...)
Pesticides : En Marche (arrière) vers la transition ! (...)
Greenpeace milite depuis plusieurs mois maintenant pour une réduction de la part des protéines animales dans notre consommation, et une amélioration de leur qualité. Plus de 70 député-e-s de cinq partis politiques différents ont déposé ou signé des amendements proposant l’introduction de menus sans viande ni poisson dans la restauration scolaire. Aucun n’a finalement été voté. Seul celui concernant la présentation d’un plan de diversification de protéines a été ajouté par les député-e-s au texte initialement proposé par le gouvernement. Il a été conservé tel quel par les sénateur-rices (pour l’instant). Il est ainsi rédigé : “Les gestionnaires d’organismes de restauration collective publique servant plus de deux cents couverts par jour en moyenne sur l’année sont tenus de présenter à leurs structures dirigeantes un plan pluriannuel de diversification de protéines incluant des alternatives à base de protéines végétales, dans les repas qu’ils proposent”. Un (tout petit) premier pas vers l’augmentation de la part de végétal dans les cantines.
Le texte devrait être voté en plénière au Sénat du 26 au 28 juin. Soyons clairs : Greenpeace n’a aucun espoir quant à une amélioration significative de ce texte. Nous espérons simplement que les sénateur-rices les plus engagés – car il y en a – sauront limiter les dégâts… et nous regrettons que les parlementaires suivent avec autant d’application et d’aveuglement la ligne directrice du gouvernement : ne rien imposer, faire confiance aux grandes entreprises agroalimentaires qui détruisent depuis des décennies nos systèmes agricoles et alimentaires, remettre entre les mains des filières la responsabilité de la transition dont les citoyens et les agriculteur-rices ont tant besoin. (...)