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Ouïghours : un poète exilé raconte un génocide culturel
#Chine #ouighours #repression
Article mis en ligne le 3 août 2023
dernière modification le 2 août 2023

Le poète du quotidien ouïghour, réalisateur et militant pro-démocratie Tahir Hamut Izgir raconte dans Waiting to Be Arrested at Night (En attendant d’être arrêté la nuit) sa vie dans le Xinjiang, entre disparition des habitants dans l’espace public, et celles de ses proches. Le projet du pouvoir chinois selon l’artiste : effacer l’Histoire et les histoires de son peuple.

Voir les parcs devenir constamment déserts, les vitrines des enseignes barricadées, et les amis disparaître du jour au lendemain... Voici ce dont témoigne celui qui fut une figure de la poésie d’avant-garde en Chine dans les années 1990.
L’engagement et la prison

Ce dernier est né au plus fort de la Révolution culturelle chinoise dans un village à l’extérieur de la ville de Kashgar dans le Xinjiang, au nord-ouest de la Chine. Il réalise une partie de ses études à l’Université de Pékin et s’engage dans le mouvement pro-démocratie initié par des étudiants, violemment réprimé durant les manifestations de la place Tian’anmen.

Une expérience de professeur de langue ouïghoure à la Central Party School de Pékin, où sont formés les futurs bureaucrates chinois, et une ambition de poursuivre des études en Turquie, empêchée par la fermeture des frontières à partir de 1996 dans le Xinjiang. Accusé d’avoir tenté de faire sortir clandestinement des secrets d’État du pays, Tahir Hamut Izgir est condamné à 18 mois de détention et 18 mois de travaux forcés.
Une évolution vers le pire

Dès les années 90, la Chine choisit une politique de « frappe dure » contre les groupes séparatistes ouïghours. Celle-ci comporte des mesures de contrôle plus strictes, notamment des restrictions quant à l’expression religieuse — les ouïghours sont musulmans —, une augmentation de la présence policière et militaire, et des arrestations massives de personnes soupçonnées de sédition ou de terrorisme.

Les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis sont un prétexte pour accentuer une rhétorique anti-terroriste (...)

Des poèmes édités en France

C’est à l’été 2017 que la répression s’est aggravée, explique le poète : certains de ces proches sont emmenés dans des camps d’internement, « souvent en pyjama ». « Si quelqu’un frappait à ma porte au milieu de la nuit, j’avais prévu de mettre ces vêtements chauds et ces chaussures d’automne avant de répondre », décrit-il. Il raconte encore comment il tenta de tromper certains mécanismes de contrôle, notamment en changeant sa voix.

À son arrivée aux États-Unis, il devient chauffeur Uber pendant neuf mois. Aujourd’hui, il est monteur vidéo à temps partiel. Une bonne partie de ses journées est consacrée à l’écriture de poésie et de prose. Il travaille en ce moment sur un texte sur son séjour dans un camp de travail chinois. Dans son exil forcé, il pense à ses camarades restés au Xinjiang, entre chagrin et culpabilité de les avoir quittés : « Bien que nous vivions en sécurité en Amérique, je ne peux pas dire que nous nous sommes libérés », résume-t-il. (...)

Réeducation contre génocide

De son côté, le gouvernement chinois parle de « centres de rééducation » qui offrent une formation professionnelle, afin d’intégrer plus largement les Ouïghours dans la société chinoise. (...)

de nombreux chercheurs, observateurs et nations du monde soutiennent que ces mesures ne sont qu’une tentative de sinisation forcée de la population ouïghoure et de suppression de leur identité culturelle et religieuse distincte, un véritable génocide culturel. (...)