
la France est le premier importateur mondial de saumon norvégien élevé aux pesticides. Derrière le « scandale du saumon contaminé », symbole des limites du modèle, existent pourtant des solutions pour réduire les risques sanitaires et environnementaux actuels.
(...) La salmoniculture constitue une ressource importante pour la Norvège avec 6,6 milliards d’euros. C’est la deuxième ressource après le pétrole. Malheureusement cette intensification de la production s’accompagne de conséquences catastrophiques qui menacent la santé des consommateurs, les écosystèmes sauvages et l’élevage lui-même. La France, premier importateur mondial de saumon norvégien (plus de 100 000 tonnes en 2012), est particulièrement concernée. (...)
à l’heure actuelle, plutôt que de diminuer la concentration de poissons dans les fermes, les éleveurs luttent contre le pou de mer en aspergeant les saumons de diflubenzuron, un pesticide interdit en France pour l’agriculture et l’élevage. Ces traitements détériorent et polluent les écosystèmes, et notamment les Fjords.
Ils ont également introduit dans l’alimentation du saumon, pourtant carnivore, une part croissante d’aliments végétaux (soja, maïs…), l’exposant ainsi à des pesticides issus de l’agriculture intensive tels que l’endosulfane ou les polluants organiques persistants (POP), pourtant prohibés en Europe depuis 1986.
Ces substances peuvent perturber le système hormonal et immunitaire et s’avérer cancérigènes. Elles comportent surtout un risque avéré pour les enfants et les diabétiques, ou encore les femmes enceintes.
Les autorités françaises, via l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), ont même alerté l’opinion, en expliquant que la surconsommation de saumon (plus de deux fois par semaine), réputée « prévenir des risques cardiovasculaires », « ne compense pas les incertitudes sur les risques toxicologiques ». Il y a donc indéniablement des risques sanitaires et environnementaux avérés liés à ce type de production industrielle. Il y a urgence à agir. (...)
Des solutions existent
Suite à ces révélations et au tollé médiatique qui s’en est suivi, y compris en France, avec des conséquences directes sur la consommation de saumon (moins 20 % en France depuis l’automne 2013), Marine Harvest, premier producteur norvégien et mondial de saumon d’élevage, a annoncé jeudi 3 avril, qu’il nourrirait désormais ses poissons avec des huiles de poissons préalablement nettoyées de certains contaminants environnementaux. C’est un premier pas ! (...)
Mais l’industrie peut aller encore plus loin. Il existe des méthodes d’aquaculture en circuit-fermé, expérimentées actuellement au Danemark, qui établissent une barrière entre le saumon d’élevage et l’environnement marin. Dans ces fermes, il y a moins de parasites car l’eau y est recyclée et les poissons ne peuvent pas s’enfuir pour contaminer les fjords.
Il faudrait donc exiger la construction de fermes étanches sur toutes les nouvelles concessions et transformer toutes les autres d’ici 2020. Diminuer la concentration des poissons dans les fermes est aussi un moyen de réduire les maladies et donc la nécessité d’user de traitements chimiques.
Pour cela, il est impératif de fixer de nouvelles normes qui ne soient pas en kg/m³ mais en poissons/m³, qui, de facto, limiteraient fortement le nombre de saumons autorisé dans les cages.
Un symbole des limites du modèle productiviste (...)
les écologistes défendent un modèle qui garantisse la souveraineté alimentaire de l’Europe et des autres régions du monde, la qualité des produits, la protection des travailleurs de la terre comme de la mer, ainsi que le renouvellement des ressources naturelles. Pour sortir enfin du XXe siècle…