
S’il nous fallait synthétiser en une phrase ce qui se passe en France depuis vingt ans au moins, c’est malheureusement cette phrase qu’il faudrait choisir. On ne peut rien face aux changements qui se font jour dans le Monde, on ne peut rien face à la montée des extrémismes et des porteurs de haine, on ne peut rien face aux crises économiques aigues et aux désastres sociaux qui en sont la conséquence (Voir article de Christian Berthier).. La montée du chômage, la régression du pouvoir d’achat, la criminalité qui s’aggrave, tous ces phénomènes nous laissent impuissants comme nous sommes incapables de lutter contre la chaleur, la pluie et le vent. Tout se passe comme si nos élites et surtout nos élus étaient devenus météorologues, à une petite nuance près, ils ne savent prévoir ni l’économie ni l’état des mœurs qu’il fera demain.
Eh bien si, on peut. Il faut même pouvoir, sinon, passez nous le jeu de mots, le Pouvoir n’a plus aucun sens. La vie politique n’est plus organisée en fonction de la conquête du pouvoir, elle est désormais organisée autour de la conquête de l’impuissance.
Que des tempéraments différents se manifestent à l’égard de cette revendication d’impuissance ne change pas grand chose. Que celui-ci réagisse par des moulinets et celui là par des paroles qui se veulent apaisantes n’a qu’une importance secondaire. Que celui-ci croit trouver son salut dans des provocations réactionnaires parfois aux limites de la xénophobie est sans doute grave. Nous le lui avons heureusement dit, et encore du bout des lèvres. C’est bien. Ce n’est pas assez. C’est la République même qui est en déshérence (...)
Il est frappant de constater que les esprits qui cherchent à proposer soient aujourd’hui contraints de se réfugier dans des formations politiques étrangères au système ou des clubs qui ne participent pas aux consultations électorales. Ce ne sont pas les partis dominants ou les partis extrémistes officiels qui produiront les idées nécessaires, tant ils sont convaincus que de telles idées n’existent plus, et que le déluge est venu. Ils se contentent, dans le meilleur de cas, de dire de qui est la faute originelle quant ils ne soutiennent pas que le péché appartient à tous les autres (...)