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"On est en Europe et on vit dans une forêt" : à Rennes, 350 migrants dans l’impasse dans un campement précaire
Article mis en ligne le 9 septembre 2019

Depuis le début du mois de juillet, plusieurs migrants, dont de nombreuses familles avec enfants, campent au parc des Gayeulles, dans le nord de Rennes, en Bretagne. D’une dizaine au départ, ils sont près de 350 en ce début du mois de septembre. La mairie, qui a ouvert deux gymnases d’hébergement d’urgence et loge près de 360 personnes à l’hôtel chaque soir, appelle l’État à prendre ses responsabilités.

Associations, collectifs et citoyens ont donné des tentes et du mobilier pour aménager au mieux le camp. (...)

Depuis le début de l’été dans ce parc du nord de Rennes, les toiles de toutes les couleurs n’en finissent pas de s’aligner. Ce week-end, une soixantaine de personnes ont rejoint le campement après l’évacuation du squat “d’Estrémadure”, au sud de la ville. “On s’était dit que le campement allait s’auto-gérer mais on va bientôt monter à 400 personnes, ce qui peut devenir ingérable”, explique Ludivine Colas, coordinatrice d’Utopia 56 à Rennes.

Pas de rentrée des classes pour les enfants du campement (...)

Certains sont sans-papiers mais vivent en France depuis plusieurs années, errant d’hébergements d’urgence en squats. D’autres sont déboutés du droit d’asile, ou dublinés. “Il y a aussi des personnes dont la demande d’asile est en cours et des mineurs qui ne sont pas reconnus comme tels”, s’alarme Nicolas Mazard de l’association Un toit c’est un droit.

Tous se sont retrouvés à la rue. “Ils appellent le 115 qui ne les prend pas en charge et les CADA seraient saturés, donc on en arrive là : c’est la stratégie du pourrissement”, indique le militant qui assure qu’un campement de cette ampleur est une première à Rennes. (...)

Pour le moment, la mairie tolère ce campement et a même fait installer des extincteurs pour faire face aux risques d’incendie. Mais la Ville, elle aussi, est débordée. Chaque soir, elle loge près de 360 personnes à l’hôtel et une centaine dans des biens communaux. (...)

“Les familles nous demandent sans cesse ce qu’il va se passer mais le problème c’est que tant qu’elles ne sont pas régularisées il n’y a pas de solution”, déplore Frédéric Bourcie (...)

Dans un communiqué publié le 10 juillet, l’élu lançait déjà un appel à l’État, indiquant que “sans l’action des collectivités et des associations, un millier de femmes, d’hommes et d’enfants vivraient dans la rue à Rennes”. Pour lui, la mairie et les associations ne font que “pallier les défaillances de l’État, qui ne régularise pas les personnes qui devraient l’être et ne reconduit pas à la frontière les personnes qu’il considère devoir l’être”.

Un guichet d’aide au départ volontaire

Lors d’une conférence de presse mardi 3 septembre concernant la situation à Rennes, Michèle Kirry, la préfète de Bretagne et d’Ille-et-Vilaine, a soutenu que la “pression migratoire” était très forte en Bretagne. “Près 30% de migrants supplémentaires ont été accueillis dans les quatre départements bretons depuis le mois de janvier”, a-t-elle indiqué.

La préfète a en outre rappelé que l’État prenait en charge les personnes éligibles au droit d’asile et a ainsi demandé aux associations une liste des migrants du campement, pour évaluer les statuts de chacun.

Or, une majorité sont pour les autorités françaises issus de “pays jugés sûrs”, comme l’Albanie et la Géorgie. Ces ressortissants “sont systématiquement déboutés du droit d’asile” a précisé la préfecture de Bretagne qui compte ouvrir dès la mi-octobre un guichet d’aide au départ volontaire.