Après la vache folle on nous avait vanté les mérites de la traçabilité : olala ! On nous avait promis juré que cela ne se reproduirait plus ! Traçabilité vous dis-je ! De la traçabilité, de la transparence, on avait les photos des vaches qui s’affichaient dans le rayon boucherie, la provenance, le nom de l’éleveur, sa photo, à peine si on n’avait pas son numéro de téléphone... Remarquez d’ailleurs, tout ceci a disparu depuis. Le prix de la viande s’est envolé entre temps et à peine le client a-t-il oublié qu’il s’était fait pigeonner pendant des années avec des animaux nourris à la farine animale qu’on lui refile du cheval à la place du boeuf haché ! (...)
(...) quand on exige d’un prestataire un prix qui est en dessous de sa marge de rentabilité, on sait très bien que soit le prestataire va faire faillite, soit il va être obligé de tricher d’une façon ou d’une autre. Après il suffit de fermer les yeux, en cas de pépin c’est lui qui paiera les pots cassés. On ne peut croire l’histoire ce sous-traitant brebis galeuse d’un système par ailleurs tout à fait honnête que l’on nous raconte que si l’on ne rentre pas dans les détails (...)
en effet, pour que cette histoire soit possible il faut que le service qualité du client final ne fasse pas son travail et n’aille jamais inspecter les chaînes, (et qu’il ne goûte pas le produit évidemment parce que le cheval n’a pas le même goût que le boeuf). Il faut ensuite que les cuisiniers de l’usine qui fabrique ne reconnaissent pas la viande de cheval quand ils la voient (couleur marron foncée avec des fibres longues alors que le boeuf est nettement plus clair), qu’ils n’aient pas de narines pour sentir la viande quand elle cuit (parce que ça n’a pas la même odeur, ni cru ni cuit), qu’ils ne goûtent surtout pas ce qu’ils fabriquent (remarque là-dessus on les comprend) et enfin, à l’autre bout de la chaîne, que les réceptionnistes de la société qui importent du boeuf ne soient pas surpris de trouver du cheval à la place car il ne savent pas lire les codes produits, et que, eux non plus n’ayant jamais vu de viande de leur vie, il ne sachent pas distinguer le boeuf du cheval ! Voilà une belle équipe de winners.
Alors je ne suis pas détective privé, mais à mon avis pour pouvoir écouler 750 tonnes de cheval en lasagnes sans aucun problème d’un bout à l’autre de la chaîne il ne peut y avoir qu’une explication : tout le monde est au courant, ou dans le meilleur des cas regarde ailleurs pour ne pas savoir ce qui se passe, mais tout le monde ferme sa bouche sinon c’est la porte. Et en ce moment il vaut mieux faire des lasagnes de cheval que la queue à Pôle Emploi. (...)
Cette histoire va faire l’effet d’une bombe atomique sur les ventes de surgelés et de plats préparés... Car qui sait si cela se limite au boeuf ? On parle d’ailleurs maintenant d’ânes qui auraient été vendus pour du cheval en Italie, et sans doute en France !
Nous assistons en ce moment à l’auto-destruction du système. Le goût de l’argent, que dis-je, la fièvre de l’argent est trop forte, elle a rendu fous tout un tas de gens en les faisant s’intéresser uniquement au profit à court terme (...)
Depuis 3 ans les banques américaines spéculent sur les matières premières et notamment les céréales. Les prix des céréales ont explosé. Or, le bétail étant nourri avec des céréales, les prix de la viande ont aussi explosé. Donc le vendeur de viande, pris en tenailles entre l’augmentation des prix et les exigences des multinationales de la vente est obligé de faire preuve de "créativité" ou de mettre la clé sous la porte...
Et tout ceci n’est qu’un avant-goût de ce qui se trame depuis quelques années et dont on commence à voir la finalité ces jours-ci (...)