
(...) Il se trouvait à Gao, la grande ville dans le nord-est du Mali, pour interviewer un cadre d’une organisation jihadiste lorsqu’il a disparu. C’était le 8 avril 2021. Un mois plus tard était diffusée une preuve de vie du reporter : une vidéo de propagande de quelques secondes dans laquelle Olivier disait être retenu par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Jnim selon l’acronyme arabe), une coalition affiliée à Al-Qaeda, responsable de la plupart des enlèvements dans la région. Plus aucune nouvelle n’a été rendue publique depuis.
Evénements et manifestations cruciaux
Pour accélérer les négociations et empêcher que le journaliste tombe dans l’oubli, des proches d’Olivier Dubois ont lancé une pétition à la fin de l’année 2021. Plus de 45 000 signataires, dont Libération, ont déjà paraphé ce texte « exhort[ant] les chefs d’Etats [français et malien] à faire en sorte qu’Olivier devienne la priorité de ces deux Etats et obtenir sa libération ». Parmi les signataires, figure l’acteur Omar Sy, qui avait alerté ses millions d’abonnés sur Twitter : « Olivier est un fils, un frère, un ami et un père de 47 ans, Il est le SEUL otage français au Monde, depuis le 8/4/21. La situation est URGENTE. » La maire de Lille, Martine Aubry, son éphémère homologue de Marseille, Michèle Rubirola, ou encore la footballeuse Wendie Renard ont aussi apporté leur soutien. Le visage d’Olivier Dubois est devenu familier de tous, particulièrement dans les seize villes qui affichent son portrait, en partenariat avec RSF, depuis l’été dernier sur la façade de leur mairie, comme à Avignon ou dans le Xe arrondissement de Paris, mais aussi à Bayeux, Clermont-Ferrand, Marseille, Lille, Lyon, Nice, Nantes, Bordeaux, Montpellier, Rennes, Reims, Pau, Fort-de-France et La Rochelle.
Ces événements et manifestations, s’ils peuvent paraître minuscules, sont cruciaux, insistent les anciens otages qui se sont exprimés depuis le début de la détention d’Olivier Dubois (...)
De fait, le président de la République est sorti du silence que l’ensemble de l’appareil d’Etat s’astreint à observer, officiellement pour ne pas gêner les négociations. (...)
Dans le passé, des négociations avec le Jnim, menées dans l’ombre, ont déjà abouti. La Française Sophie Pétronin a été relâchée en octobre 2020 après plus de quatre ans de captivité. Trois otages chinois, enlevés en juillet 2021, ont été libérés en novembre dernier, tout comme, un mois plus tôt, une religieuse franciscaine colombienne, « sœur Gloria » (Gloria Cecilia Narváez Argoti, de son vrai nom) qui a passé quatre ans et demi aux mains de ses ravisseurs.
Collaborateur de Libération, Jeune Afrique et du Point, Olivier Dubois est un journaliste expérimenté. Il s’était installé en 2015 au Mali où il couvrait l’actualité chaotique d’un pays plongé dans la plus grande instabilité et la violence, que ne parviennent à juguler ni les quelque 13 000 casques bleus sous mandat de l’ONU, ni les 5 100 militaires français de l’opération Barkhane. Olivier Dubois savait démêler les intrigues du pouvoir, il n’hésitait pas non plus à quitter le relatif confort de la capitale pour se rendre sur le terrain, là où les tensions intercommunautaires sont les plus aiguës, malgré les risques. (...)