
Près de 45 000 euros d’amendes au total requis à l’encontre des Faucheurs volontaires suite au fauchage d’une parcelle de colza de BASF rendu tolérant à un herbicide par mutagénèse : c’est le montant réclamé par le procureur, lors du procès de Dijon des 15 et 16 novembre, suite à la plainte de la coopérative Dijon Céréales, propriétaire de la parcelle. Le verdict, mis en délibéré, sera rendu le 17 janvier.
Les 15 et 16 novembre 2018, s’est tenu à Dijon le procès de 38 membres du collectif des Faucheurs volontaires, suite à leurs actions de « neutralisation », en novembre 2016, de plusieurs parcelles de colza Clearfield (technologie de BASF) rendu tolérant à un herbicide par une technique de mutagénèse [1]. Ces trois essais - Darois, Marsannay le Bois et Fromenteau près de Dijon - avaient été mis en place par Dijon Céréales, qui a donc porté plainte pour « destruction de bien d’autrui en réunion ». BASF n’a pas souhaité se porter partie civile. Les inculpés sont des hommes et des femmes de tous âges, de toute profession dont une quinzaine d’agriculteurs, aux revenus généralement modestes. Environ 140 personnes sont venus soutenir les militants et une déambulation a été organisée dans les rues de Dijon.
37 inculpés sur les 67 qui voulaient être jugés
Ils étaient 67 personnes à avoir fauché ces plants de colza en novembre 2016. Maître Jérôme Bouquet Elkaïm, l’un des avocats des Faucheurs, a demandé la comparution volontaire de l’ensemble des personnes impliquées dans cette action politique revendiquée (...)
Les Faucheurs nous précise que, pour eux, « ce fut un beau procès, les trois juges ayant laissé le débat de fond s’installer, malgré la position de Dijon Céréales qui se limitait à sa plainte pour « destruction de biens appartenant à autrui », et qui répétait que ces variétés n’étaient pas des OGM ». (...)
Ce procès a aussi été marqué par la présence d’une vingtaine de personnes, salariés et agriculteurs adhérents de Dijon Céréales portant une veste bleue marine, sur laquelle on pouvait lire « agriculteurs volontaires ». Ils entendaient montrer leur solidarité avec les autres « victimes » des Faucheurs. Mais ces derniers se sont bien gardés de parler du fond du sujet. Cités par Reporterre [2], ils précisent que « le procès concerne une intrusion dans une propriété privée. Les OGM, c’est un autre débat, on ne va pas entrer dans le sujet aujourd’hui ».
Dijon Céréales demande un euro symbolique par Faucheur, 15 000 euros de frais d’avocat et 2000 euros pour l’agriculteur dont le champ avait été ensemencé avec ces variétés mutées tolérant un herbicide.
17 janvier : un délibéré très attendu (...) par tous les acteurs concernés par ces questions car il s’agit du premier procès suite à l’arrêt de la Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE) le 25 juillet 2018 qui confirmait que la mutagénèse produisait bien des OGM [4]. Les plantes fauchées sont donc bien des OGM.