
Le travail de Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot s’appuie sur une démarche de sociologues qu’ils sont. Leurs recherches et immersion dans le monde réel les conduit à une production de grande qualité dont une des caractéristiques majeures et qu’elle est… hétérodoxe ! (...)
Michel et Monique Pinçon Charlot : La pandémie liée au Covid-19 est une des conséquences directes de la déforestation, du pillage de la nature, de l’urbanisation intensive et du dérèglement climatique dont la seule cause est le système capitaliste qui, dans sa frénésie productiviste offre à des virus d’origine animale la possibilité de s’introduire de manière très pathogène dans l’homme. L’exploitation capitaliste a toujours fait flèche de tout bois pour enrichir les déjà riches en liant notamment l’exploitation des hommes à celle des animaux et des végétaux.
Depuis la chute du mur de Berlin en 1989, le capitalisme s’étant mondialisé, les épidémies deviennent peu à peu contagieuses à l’échelle de la planète. Si la pandémie du Covid-19 a pris une telle ampleur, entrainant de nombreux morts, c’est à cause du manque de personnels soignants et de structures hospitalières publiques dévastées dans tous les pays occidentaux pour des raisons économiques et budgétaires. La politique ultra néolibérale conduite par Emmanuel Macron et son gouvernement a fini de détruire un Etat-Providence conçu à la Libération, grâce à l’engagement dans la Résistance de la classe ouvrière et de ses organisations syndicales et politiques, alors que la bourgeoisie et le patronat étaient en position de faiblesse pour collaboration directe ou indirecte avec l’ennemi. (...)
L’Etat néolibéral, désormais au service des grandes fortunes, est donc dans l’incapacité de venir en aide au peuple face à la pandémie du Covid-19. C’est pourquoi Emmanuel Macron insiste avec tant de lourdeur sur le fait que cette pandémie est « naturelle », « une crise sanitaire, vous dis-je et seulement sanitaire ! ». (...)
le président des ultra-riches » cherche à cacher à tout prix, avec des manipulations idéologiques et linguistiques variées, qu’il s’agit de la première secousse d’un séisme sans précédent dû au dérèglement climatique qui relève de la seule responsabilité des capitalistes. Car, aussi diabolique soit ce qu’il va advenir pour les plus démunis, le dérèglement climatique représente une double aubaine pour les capitalistes : celle de leur permettre de rebondir avec de nouveaux marchés liés au capitalisme « vert », voitures électriques, éoliennes, isolations, constructions aux nouvelles normes …Tout un business émergent et juteux. Et celle de « vider » la planète du trop plein d’humains désormais inutiles aux besoins du capitalisme à l’heure des robots et de l’intelligence artificielle. Un holocauste climatique en quelque sorte, dont le Corovid-19 ne constitue que le premier acte.(...)
Le Covid-19 n’est en réalité qu’un nouveau champ de bataille dans la guerre de classe que les plus riches mènent contre les plus démunis.(...)
La pandémie doit donc impérativement être présentée comme un simple problème de santé afin de cacher la responsabilité des capitalistes dans le dérèglement climatique ! Ne nous trompons pas de colère et méfions nous des milliardaires ! (...)
Les plus riches ont pris leur jet privé pour fuir dans des îles lointaines en emportant certainement avec eux un respirateur artificiel personnel. Le confinement est réservé aux professions supérieures, intellectuelles et artistiques, avec le télé-travail depuis la maison tout en s’occupant du suivi scolaire des enfants. Les travailleurs manuels n’ayant aucune possibilité de faire fonctionner la bétonneuse dans leur cuisine sont sur les chantiers et dans les usines, afin que les actionnaires puissent continuer à toucher leurs dividendes. Dans la même entreprise, la protection de la santé humaine n’est donc pas la même selon la position sociale et professionnelle. La déshumanisation des travailleurs, devenus à l’heure néolibérale des coûts et des charges, est nécessaire pour que leur mort par un méchant virus soit acceptable et acceptée. (...)
Le passage de la lutte des classes à celle de la guerre des classes indique que la terre ne pouvant plus nourrir et abreuver les milliards d’êtres humains, c’est bien la disparition par des moyens variés des plus pauvres de la planète que le capitalisme organise de manière consciente et systématique.
Et il n’est pas besoin de jouer les vierges effarouchées, « Comment pouvez-vous penser des abominations pareilles ? Des êtres humains capables d’un projet aussi machiavélique ? » Il suffit de penser à l’esclavage, à la colonisation, au nazisme allemand, aux guerres, à la bombe atomique des américains sur le Japon, à la torture, aux famines qui tuent des millions d’êtres humains chaque année, pour savoir que l’impensable violence humaine a toujours été le compagnon de route des grandes fortunes. (...)
Le président de la République ose récupérer à son compte tous les mots d’ordre hurlés et chantés dans les manifestations depuis des mois, alors qu’il n’a cessé de travailler pour sa caste ! Nous ne devons pas la jouer en « solitaire » mais en « solidaire », pas en « je » mais en « nous » ! a t-il encore osé dire. De telles manipulations sont perverses, violentes et faites pour sidérer, tétaniser, rendre impuissants et empêcher l’envie du changement. (...)
Emmanuel Macron a-t-il pour autant proposé aux forces syndicales, associatives et politiques de l’opposition de prendre part au « Conseil scientifique Covid-19 » sur la gestion de crise afin que l’unité nationale soit une réalité ? Envisage t-il une sorte de Grenelle post-Covid-19 pour que les responsables politiques et financiers soient identifiés et paient les conséquences de cette crise sanitaire, écologique et économique. (...)
Car il n’y a que les forces d’opposition qui seront à même d’exiger que « le pognon de dingue » donné aux riches soit réinjecté dans les services publics, dans la relocalisation en France de l’industrie pharmaceutique et des appareils sanitaires. (...)
Des commissions d’enquête parlementaire sont d’ores et déjà réclamées, des plaintes déposées devant les tribunaux, et selon la gravité des défaillances qui seront dévoilées dans la gestion de cette pandémie et du nombre de morts, des poursuites pour crime contre l’humanité pourraient être envisagées afin que les oligarques du monde entier intègrent bien que nous ne laisserons pas assassiner en douce sous couvert de canicule ou de crise sanitaire. (...)
Il nous faudra réagir vite et fort car les puissants ont déjà mis à profit la pandémie du Covid-19 pour reporter à plus tard leurs engagements internationaux quant à la défense de l’environnement ! (...)
Nous invitons tous les citoyens, y compris nos collègues scientifiques, à se mobiliser pour exiger des actes de la part de nos dirigeants politiques et pour changer le système par le bas dès aujourd’hui.(...)
Nous sommes sous le « choc » de la pandémie du Covid-19, confinés dans la peur de mourir et le gouvernement en profite pour instituer un état d’urgence sociale et sanitaire qui déroge au code du travail pour donner les pleins pouvoirs aux employeurs sans durée limitée. C’est « la stratégie du choc » dans « le capitalisme du désastre » développée par Naomie Klein à propos notamment des attentats du 11 septembre 2001 et des inondations de La Nouvelle-Orléans aux USA en 2005.(Actes Sud, 2008)(...)
La pandémie du Covid-19 est la première alerte des drames épouvantables qui nous attendent. Et ce, pour les seuls profits de quelques milliardaires qui ont déjà anticipé leur protection dans des constructions bunkerisées en Nouvelle Zélande ou en Patagonie par exemple. (...)
Notre riposte à l’issue du confinement doit être à la hauteur de cette violence des riches. Nous devrions occuper les espaces publics, faire grève chaque fois que c’est possible, hurler des mots d’ordre le soir à 20h depuis nos fenêtres, organiser des groupes de parole un peu partout comme l’ont fait les gilets jaunes sur les ronds-points, rejoindre les associations et les ONG qui font de la désobéissance civile de manière non violente, que chacun apporte sa pierre à l’édifice. (...)
Nous pouvons retourner le dérèglement climatique en une aubaine pour enfin supprimer le pouvoir que donnent les titres de propriété des entreprises, des valeurs mobilières et financières, des terres agricoles ou des moyens d’information et d’échanges pour exploiter la force de travail de ceux, les plus nombreux, qui en sont dépourvus. La peur doit changer de camp !