
Sexisme, homophobie, racisme… Après une enquête dénonçant les grandes écoles de commerce, des dirigeants ont nié. Le collectif « nous aussi » confirme l’enquête et exige des actes.
Partout, les digues qui retenaient la parole contre le sexisme dévastateur sautent. Et la parole féministe est presque entendue. Depuis #MeToo, Adèle Haenel, l’affaire Matzneff… des féministes de la dernière heure s’indignent. Mais jusqu’à un certain point seulement. Une vaste enquête publiée par Mediapart le 6 janvier, dénonçait des agissements sexistes, homophobes, racistes devenus presque banals dans les plus grandes écoles de commerce qui forment l’élite. La plupart des directeurs de ces écoles ont exprimé une indignation en découvrant ces actes dont ils prétendent n’avoir jamais eu connaissance auparavant. Et le directeur d’HEC, Peter Todd, a envoyé à ses étudiants un courriel titré : « Article à charge contre les écoles de commerce » dans lequel il « réfute avec la plus grande fermeté certains commentaires de cet article qui font croire que l’école couvre sciemment des actes de sexisme, d’homophobie et de harcèlement ».
Alors dans une tribune publiée dans Libération jeudi 16 janvier, un collectif de plus de 500 personnes, « Nous aussi », reprend la main. Ces « diplômé·e·s et des étudiant·e·s de HEC Paris, de l’Essec, de l’Edhec, d’Audencia, de Neoma Business School et d’autres grandes écoles de commerce » ont souffert de la culture délétère − raciste, classiste, sexiste, homophobe − qui prospère sur ces campus. » Et n’apprécient pas du tout que les directeurs d’écoles fassent passer la réputation de leurs établissements avant les élèves discriminés et violentés. (...)
« nous pensons que la violence à l’égard des dominé·e·s s’apprend au même titre que la finance de marché. La plupart des responsables des abus mentionnés dans cette tribune sont désormais en mesure d’affecter d’autres vies que les nôtres. Ils sont devenus entrepreneurs, hauts fonctionnaires, élus, cadres, managers, etc. »
Suit une longue liste de « nous aussi » détaillant les actes, menaces et humiliations qu’ont dû subir celles et ceux qui n’entraient pas dans le moule de la domination masculine blanche (...)
Leur lettre se termine par « quelques mesures que nous exigeons de voir mises en œuvre, afin d’assurer et d’accélérer le changement » et qui commence par « admettre, publiquement, que de tels violences et agissements existent dans ces écoles » et bien sûr sanctionner. Un point parmi ces mesures exigées est très révélateur : « Ne pas obstruer la justice, ou déconseiller à un.e étudiant.e d’y avoir recours dans le but de préserver la réputation de l’école »…