
Des centaines de milliers de Vénézuéliens fuient leur pays. Plusieurs pays de la région ont durci leur politique migratoire face à l’ampleur du phénomène. A Huaquillas en Équateur, à la frontière avec le Pérou, la population locale réagit pourtant avec bienveillance.
(...) À l’époque, on mangeait, on sortait, on achetait, on faisait des soupes. Aujourd’hui pour faire une simple soupe, il faut payer une fortune.
Maria Colmenares, une migrante avec franceinfo (...)
“Notre mode opératoire, c’est d’arriver dans une ville et de nous mettre à travailler pour envoyer de l’argent chez nous. Au Venezuela, toutes les entrées de devises sont surveillées et taxées par l’État. Donc on envoie notre argent à des comptes bancaires à l’étranger, via Western Union ou Banesco Panama. Comme cela, l’argent arrive directement chez les gens de notre famille qui ont des comptes Banesco sinon l’État vénézuélien retient 15 dollars de frais par envoi”.
Les migrants accueillis avec bienveillance
Même s’ils font pression sur le marché du travail et que des cas de délinquance montés en épingle commencent à provoquer quelques réactions de rejet, les migrants vénézuéliens sont généralement bien reçus à Huaquillas. Dans cette ville dédiée au commerce et à la contrebande, il y a toujours assez d’argent pour tous, selon le vendeur Carlos Castaño. "Ici à la frontière, on accepte les migrants car on connaît la difficile situation du Venezuela. C’est comme nous, Équatoriens, en l’an 2000 avec la crise et la dollarisation, nous aussi avons quitté notre pays, se souvient-il.
Aujourd’hui c’est leur tour et ici ils ne posent pas de problème. Ils vendent de l’eau et des caramels dans le parc, cela ne nous affecte pas.
Carlos Castaño, un commerçant équatorien avec franceinfo (...)
Les premiers secours s’organisent
Tout à côté, la Croix Rouge est également présente. Elle a déployé ses équipes il y a trois mois lorsque de 3 000 à 5 000 migrants ont commencé à se présenter chaque jour au poste frontière. Jenny Pizarro y coordonne le programme de mobilité humaine : “D’abord nous distribuons de l’eau potable car il est important que les migrants n’en manquent pas. Nous leur permettons de passer gratuitement un coup de téléphone de deux minutes pour rassurer leurs familles au Venezuela. Il y a un service de recharge de batteries de leurs téléphones portables. Nous offrons un service d’attention psycho sociale et nous nous sommes alliés au ministère de la Santé pour avoir des docteurs sur place”. (...)
Cette vague migratoire n’est qu’un début, prédit un opposant politique en fuite
Ayant échappé de peu à la mort lors des manifestations de l’opposition contre Nicolas Maduro, Luis Baltodano affirme que la crise migratoire ne fait que commencer. “Plus le temps passe, et plus le pays va de mal en pis. Il n’y a plus de nourriture, de médicaments, de produits pour les bébés et les gens sont forcés à migrer. Avant, on attendait car nous espérions encore que quelqu’un allait intervenir pour chasser Maduro du pouvoir. Mais à voir que personne ne bouge et que les forces armées nous répriment quand nous protestons contre Maduro, nous n’avons plus d’autre choix que de partir, que d’abandonner notre pays."