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Passeurs d’hospitalités
« Nous, Calaisiens, ne nous reconnaissons pas dans ce discours de rejet »
Article mis en ligne le 25 juillet 2017

Depuis l’expulsion, à l’automne 2016, du plus grand bidonville d’Europe, Calais a vu revenir des centaines de personnes souhaitant, pour la plupart, aller en Angleterre. Ces enfants, ces femmes et ces hommes se trouvent dans une situation d’extrême précarité. Quotidiennement traqué.e.s par les forces de l’ordre, ils n’ont pas accès à leurs droits.
Le Défenseur des Droits en a attesté, le 14 juin dernier, et a dénoncé par communiqué « des atteintes aux droits fondamentaux » des personnes migrantes « d’une exceptionnelle et inédite gravité » sur le littoral Nord Pas-de-Calais.

(...) Le 26 juin, le tribunal a ordonné la mise en place de dispositifs tels que l’accès à des points d’eau, douches et latrines, à des maraudes pour les mineur.e.s, et une suppression des entraves à l’action des associations (harcèlement policier, verbalisation des bénévoles).

La Maire de Calais, soutenue par la majorité du conseil municipal, a réagi le jour-même en annonçant qu’elle refusait d’appliquer la décision de justice, et déclaré que, pour elle, les exigences formulées étaient inacceptables. Un appel a été déposé au Conseil d’Etat, par la Mairie de Calais et la Préfecture, le 6 Juillet 2017.

Des citoyen.ne.s calaisien.ne.s ont décidé de réagir…

« Nous sommes Calaisiens, Calaisiennes. Nous sommes indigné.e.s par les déclarations de Mme Bouchart, qui prétend parler au nom de tou.te.s les habitant.e.s de Calais, alors que son discours n’est empreint que d’un mépris de l’humain. Nous ne nous reconnaissons pas dans ce discours de division et de rejet.

Mercredi 21 Juin, certain.ne.s d’entre nous étions aussi présent.e.s à cette audience au Tribunal administratif, pour témoigner du traumatisme récurrent que subissent des personnes en exil dans notre ville.

Nous n’acceptons pas de voir ces gens, qui ont fui la guerre ou la misère, dans cette situation indigne de précarité et de maltraitance. Nous avons un cœur et une conscience. (...)

Nous refusons qu’ils.elles dorment dans la rue, dans les bois. Nous voulons que cesse cette chasse à l’Homme. Nous voulons qu’ils.elles puissent être informé.e.s de leurs droits, puissent être pris.e.s en charge pour ceux.celles qui le souhaitent, puissent passer légalement la Manche, puisque c’est leur projet, ou puissent demander l’asile. Nous voulons que l’article 13 de la déclaration universelle des Droits de l’Homme, et que les droits fondamentaux soient respectés.

Nous pensons aux riverain.e.s qui doivent eux.elles aussi subir la violence de cette politique de non-accueil mise en œuvre depuis 20 ans, politique qui oblige des milliers de personnes à supporter l’insupportable et les Calaisien.ne.s à en être témoins.

Invoquant le traumatisme vécu par les Calaisien.ne.s et l’économie en difficulté, Natacha Bouchart pointe les dommages qu’elle a elle-même engendrés en choisissant une politique non-hospitalière.

La réelle cause de l’économie en déclin et de l’impact négatif qui affecte Calais, c’est la désinformation : Calais n’est pas en guerre malgré ce que la municipalité, le gouvernement et certains médias essaient de vous faire croire.

La Justice a décidé que l’Etat et la ville devaient mettre en place un minimum pour les exilé.e.s présent.e.s dans le Calaisis : des points d’eau, l’accès à des douches, à des toilettes. Elle a demandé aux autorités de ne pas entraver le travail des associations. Or, Mme Bouchart dit qu’elle ne respectera pas cette décision, qu’elle juge « inacceptable » ! Quel exemple donné aux citoyen-ne-s de Calais et d’ailleurs !

Ce qui est inacceptable, c’est la manière dont Mme Bouchart, la municipalité entière et le gouvernement gèrent ou plutôt ne gèrent pas cette situation.

Ce qui est inacceptable, c’est la violence que créent cette frontière, les barrières et les barbelés, cette omniprésence policière. (...)

Nous demandons que le droit à la liberté de circulation pour tou.te.s, garanti par l’article 13 de la déclaration universelle des Droits de l’Homme, soit enfin appliqué.

Nous voulons que le gouvernement et la municipalité trouvent des solutions pour que Calais ne soit plus une impasse, pour enlever ces grillages qui défigurent la ville, pour arrêter de dépenser en vain des centaines de millions d’euros en forces de police, barrières, caméras, projecteurs, drones, hélicoptères, vigiles, grillages, pour les consacrer à l’accueil et à des dépenses utiles à la ville de Calais et à ses citoyen.ne.s. »

Signataires habitant.e.s de Calais et CAC :