
C’est du journalisme lent : voici un récit participatif du week-end de la Chaine humaine qui s’est tenu à Notre Dame des Landes dimanche 12 mai. Un tel retard atteste le caractère paisible, voire retardataire, de Reporterre... Dégustez, sur la fin du reportage, le fort riche débat qui a eu lieu à La Chateigne sur... la victoire.
(...) En route pour la Zad. Voie rapide Nantes-Rennes, kilomètres d’entrepôts et d’hypermarchés, verdure, puis Héric, au nord de Notre Dame des Landes. Le gros bourg est devenu un exemple d’étalement urbain. Il n’y a plus d’épicerie dans le village, et pour faire les courses, il faut aller au Super U. En sortant, on se perd dans les lotissements. Des jeunes, qui boivent une bière dans le garage d’un pavillon, nous remettent obligeamment sur la route.
Arrivée dans le bocage. Dans le village de Notre Dame des Landes, on croise l’épouse de Julien Durand, le porte-parole de l’Acipa. Elle nous dit qu’il y a de la tension depuis quelques temps, que des pro-aéroport ont peint des croix gammées sur un panneau de la Zad.
Après quelques zig-zags suivant les orientations des bénévoles de la Chaine humaine vêtus d’un gilet fluo jaune, on parvient au camping des Planchettes. Pour l’instant, il n’y a pas encore grand monde sur le parking. (...)
On part reconnaître les lieux, direction les Fosses noires. Juste avant, un champ maraîcher barré d’une ficelle, lieu de « Rouge et Noire », où est aussi inscrit « Notre Dame des Cacahuètes ». Un panonceau explique la démarche :
« Petit collectif avec l’envie commune de se nourrir de manière autonome, nous avons choisi de cultiver un champ situé sur la piste sud de l’aéroport, car on voit l’occupation maraîchère comme outil pour la défense des terres agricoles et contre le bétonnage, parce que se nourrir collectivement et lutter pour l’autonomie alimentaire fait partie de notre rupture avec le système capitaliste.
Nous voulons faire du maraîchage pour la ZAD, offrir nos légumes à prix libre, fonctionner autant que possible sans argent, favoriser l’aide mutuelle et le partage des savoirs… Et même si demain les gendarmes déferlent sur la zone et détruisent nos terres, c’est vital pour nous de l’avoir fait. »
Aux Fosses noires règne l’agitation des grands jours. (...)