Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
France Nature Environnement
Notre-Dame-des-Landes : les raisons de la contestation
Article mis en ligne le 12 décembre 2017

Contesté depuis plus de cinquante ans, le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes fait l’objet de multiples polémiques et rebondissements. Mais pourquoi ce projet fait-il tant de débat ? Engagée dans l’opposition, France Nature Environnement vous livre ici un résumé (non exhaustif) des raisons pour lesquels nous militons contre le transfert de l’aéroport de Nantes-Atlantique dans le bocage de Notre-Dame-des-Landes.

Le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes nie doublement l’enjeu climatique

« Nous entrons dans l’ère du bas carbone » promettait le président de la République, François Hollande, lors de la signature de l’Accord de Paris sur le climat le 12 décembre 2015. Deux ans plus tard, « Make our planet great again » renchérit son successeur, Emmanuel Macron, mettant ainsi la volonté française d’agir rapidement contre le dérèglement climatique sur le devant de la scène. L’urgence d’agir, de préserver la biodiversité, nos ressources naturelles et lutter contre le dérèglement climatique est également scandée à de multiples reprises par la communauté scientifique. Ainsi, 15 000 scientifiques lançaient, en novembre 2017, un cri d’alarme commun dans une tribune intitulée « Il sera bientôt trop tard ».

À côté de ces discours unanimes, le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes envisagé dans les années 60, se révèle être une idée du passé : il nie doublement le défi climatique. D’une part, cet aéroport vise à développer encore et toujours le transport aérien, mode de transport champion de l’émission de gaz à effet de serre par kilomètre. De l’autre, il compte s’implanter sur une zone humide milieu reconnu pour son rôle de puits à carbone et faisant donc partie des meilleurs atouts pour lutter contre… le dérèglement climatique..

Notre-Dame-des-Landes ou comment détruire une solution

En effet, le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes prévoit de détruire 962 hectares de zones humides et de bocages. (...) à Notre-Dame-des-Landes, les porteurs du projet proposent une méthode de compensation concernant la biodiversité et les zones humides qui n’a jamais été éprouvée sur le terrain. Une option bien trop théorique regrettée par le collège d’experts scientifiques mandaté par la préfecture en 2013 mais aussi par le Conseil National de Protection de la Nature (CNPN). La réponse apportée par l’État à ces scientifiques ? Aucune. Avec le projet d’aéroport, c’est l’ensemble d’un milieu naturel aux multiples richesses qui risque d’être détruit. (...)

Hécatombe en vue pour les espèces sauvages

Le site de Notre-Dame-des-Landes abrite plus de 2 000 espèces animales et végétales et 5 zones naturelles d’intérêt écologique faunistique et floristique. Avec 11 habitats naturels à enjeu européen, le site pourrait également prétendre à un classement en zone Natura 2000. (...)

La légalité du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes est encore en question

Au vu de ses lourds impacts sur la biodiversité et les milieux aquatiques, le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes nécessite plusieurs autorisations environnementales. Celles-ci ont été contestées en justice par plusieurs requérants, dont France Nature Environnement et les associations de son mouvement. En novembre 2016, alors que les décisions de justice suivent dans leur grande majorité les préconisations du rapporteur public, la cour administrative d’appel de Nantes a surpris tout le monde.

Alors que le rapporteur public concluait à l’annulation des autorisations environnementales, la cour d’appel a rejeté nos recours. Nos associations ont donc saisi le Conseil d’Etat, juridiction administrative suprême, pour lui demander de vérifier la régularité du raisonnement des juges de Nantes. Ces pourvois ont été déclarés admissibles, nos arguments étant jugés suffisamment sérieux. Par ailleurs, un autre recours est examiné actuellement par le tribunal administratif de Nantes s’agissant des autorisations de destruction d’une espèce protégée, le campagnol amphibie, espèce opportunément oubliée par les aménageurs dans le montage du projet. (...)

Ne pas expulser des agriculteurs qui nous nourrissent

Les terres agricoles de Notre-Dame-des-Landes sont en effet un précieux garde-manger. Les vaches présentes sur les lieux ne diront pas le contraire : le site est ainsi l’un des principaux bassins laitiers de Loire-Atlantique. C’est pourquoi, depuis près de 50 ans, les agriculteurs sont en première ligne de la lutte contre le projet, « conçu sans souci d’économie d’espace », d’après un service du ministère de l’Écologie, le Conseil général de l’environnement et du développement durable. (...)

Maintenir des emplois

En comptant les emplois supprimés dans l’agriculture et les activités connexes (vétérinaires, agro-alimentaire) 200 personnes risquent d’être au chômage si un aéroport venait à être construit en pleine campagne. Pour les travaux, Vinci promet l’embauche de 700 personnes pendant 4 ans. Seulement, la sous-traitance est la règle sur ce type de chantier, avec des ouvriers payés aux prix les plus bas, en contrat précaire. Une fois ouvert, l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, plus automatisé, aurait besoin de moins de personnel. (...)

Un aéroport sans desserte, c’est comme une maison sans porte : dur d’y accéder

L’équilibre du territoire pose également une question de transports : comment rejoindre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, situé à 27 km du centre-ville de Nantes ? Les projets de tram-train et de ligne grande vitesse Bretagne-Pays de Loire, qui impacteraient eux aussi l’environnement et l’agriculture, sont pour l’instant hypothétiques. À son ouverture, Notre-Dame-des-Landes ne serait desservi qu’en bus. Seront donc privilégiés les trajets en voiture individuelle. (...)

L’aéroport actuel de Nantes-Atlantique ne serait-il pas la solution ?

Aux origines du projet à Notre-Dame-des-Landes, deux idées : doter Nantes d’un aéroport international et enrayer la saturation de l’aéroport actuel. Au sud de la ville, l’aéroport de Nantes-Atlantique, élu meilleur aéroport européen en 2011-2012 par le trophée ERA, propose déjà plus de 100 destinations, vers une vingtaine de pays. Initialement conçu pour 4 millions de passagers par an, Nantes-Atlantique en a accueilli 5 millions en 2017. « Saturation » s’époumonent certains. Pourtant, un réaménagement de Nantes-Atlantique constitue une alternative qui permettrait d’en accueillir jusqu’à 9 millions, sans entraîner une forte augmentation des décollages et atterrissages. Car le taux de remplissage des appareils progresse avec les systèmes de réservations en ligne et les stratégies commerciales des compagnies low cost.

Seulement, selon les partisans de Notre-Dame-des-Landes, l’aéroport actuel poserait des problèmes de sécurité et de bruit. Pourtant, il est classé dans la meilleure catégorie en matière de sécurité par la direction générale de l’aviation civile. Quant à la question du bruit, elle n’a jamais été correctement étudiée mais ne semble pas insoluble (...)
Le rapport du Conseil général de l’environnement et du développement durable d’avril 2016 reconnait la possibilité d’agrandir Nantes-Atlantique et la nécessité de rénover la piste existante. Il demande qu’une tierce expertise soit réalisée « dès que possible » pour définir finement les coûts des différentes hypothèses. Une modernisation pourtant « systématiquement écartée » jusqu’à maintenant. (...)

Notre-Dame-des-Landes : un aéroport moins confortable, sûr et fonctionnel que l’aéroport actuel

Dévoilé par le Canard Enchaîné en octobre 2014, le permis de construire de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes est fort instructif. En comparant les plans, le projet s’avère plus petit, moins confortable et fonctionnel que l’actuel aéroport de Nantes-Atlantique. Zone de parking des avions, taille des halls de départ et d’arrivée, caserne de pompier, hangar de maintenance... tous ces éléments ont des surfaces inférieures à celles de l’aéroport actuel et en-deçà des préconisations de la direction générale de l’aviation civile. Il y aurait également moins de passerelles d’embarquement ou de comptoirs d’enregistrement. Comment alors l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes pourrait-il alors être jugé « surdimensionné », selon les propres mots des ingénieurs du ministère de l’environnement ? Doublez simplement la superficie de la galerie commerciale, prévoyez 7000 places de parking extralarges et construisez deux pistes quand une seule suffit. En guise de réponse face à ces incohérences, la préfecture de Loire Atlantique a précisé que ce permis était « évolutif ». Un adjectif qu’on pourrait probablement appliquer également au coût de ce projet.

Qui va payer l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ? Vous en grande partie. (...)

Défendre le droit à l’information

Un permis « évolutif », un coût hasardeux… comment se prononcer sur un projet, sans en connaître le détail ? Sur ce dossier, FNE Pays de la Loire et Bretagne Vivante tentent de recueillir le maximum d’informations. Seulement, les recueillir relève parfois d’un réel parcours du combattant. (...)

Étudier sérieusement les alternatives

C’est la grande demande des associations : rechercher et analyser les solutions alternatives afin de pouvoir mieux juger. Ce travail sérieux aurait dû être mené dès le début au vu des impacts environnementaux et sociaux du projet d’aéroport mais aussi comme l’impose la réglementation. Face à cet « oubli » , une association de citoyens s’est formé pour fournir une précieuse expertise sur les alternatives au projet de Notre-Dame-des-Landes : l’atelier citoyen. Elle met en exergue de nombreuses solutions et alternatives.

Poussée par la mobilisation citoyenne, des rapports publics ont finalement été émis très tardivement. Dans leurs études, la Direction générale de l’aviation civile en novembre 2013 puis le Conseil général de l’environnement et du développement durable en avril 2016 reconnaissent que la modernisation de l’aéroport actuel est une réponse technique crédible à l’augmentation du trafic jusqu’en 2060.

En juin 2017, le nouveau Gouvernement a confié une mission à trois médiateurs. Cette mission doit analyser les coûts et avantages économiques, environnementaux et sociaux des différentes options possibles pour éclairer la décision du gouvernement. Les médiateurs ont ainsi organisé une large concertation avec l’ensemble des parties prenantes via une méthode innovante et objective en sollicitant des données nouvelles pour l’étude de ces alternatives. Cette mission doit rendre son rapport le 13 décembre 2017.

Les associations sur le front (...)