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Notre-Dame-des-Landes, à nouveau sous la pression policière, imagine un avenir heureux
Article mis en ligne le 22 septembre 2015

Un juge d’expulsion devait intervenir à Notre Dame des Landes ce mardi 22 septembre. L’Etat remet la pression, alors que, samedi, se déroulait sur la Zad la fête des Battages. Un rassemblement populaire réussi, où l’on a parlé des projets au long cours. Mais face au juge et à la police, les opposants se remobilisent.

Plus que jamais, la Zad de Notre-Dame-des-Landes se trouve tiraillée entre deux ambiances et deux échelles de temps. Les saisons agricoles ancrent des projets, des récoltes, des discussions sur les usages agricoles partagés. Mais à court terme l’éventualité d’une opération militaire d’expulsion est dans tous les esprits. Une menace prise au sérieux. Des rouleaux d’affiches clamant « En cas de démarrage des travaux ou d’expulsion de la Zad, mobilisations, occupations, blocages » viennent d’être tirées. Le week end dernier, chacun est reparti avec un paquet.

Samedi 19 septembre, la fête des Battages avait fière allure dans la ferme occupée de Saint-Jean-du Tertre. Le rassemblement a télescopé les deux préoccupations, long terme et autogestion, branle-bas et combat et riposte large en cas d’attaque du périmètre.

D’un côté les discussions sur les semences paysannes, la visite de la meunerie qui fournit le pain de la ZAD, mais aussi de squat de migrants à Nantes. Un stand étale des exemplaires d’une brochure sur l’histoire des communs agricoles de secteur au XVIIIe siècle et un bel étal de sac kraft présentant les farines produites, testées, élaborées. Le sac d’oignons est à 2 euros le kilo, prix de soutien. La récolte a été belle cet été.

Du battage avant le juge (...)

La menace se ravive depuis les jugements du 17 juillet dernier, les opposants ayant été déboutés en première instance de leurs recours sur la loi sur l’eau et le déplacement des espèces protégées. La promesse du gouvernement est pourtant de ne pas procéder à des expulsions avant que tous les recours aient été purgés, c’est-à-dire parvenus au terme des appels et cassations.

Mais les déclarations de Manuel Valls laissent entendre que le respect de ces échéances et de la parole donnée ne seraient plus d’actualité. Le préfet de région n’a pas dit autre chose.

Quant à Stephan Bossoreille de Ribou, l’ancien lieutenant-colonel d’infanterie devenu sous-préfet chargé du projet d’aéroport, il confie à Ouest-France « ne pas vouloir temporiser jusqu’après l’élection présidentielle (...). Tout le monde, aujourd’hui, se met en ligne pour être en capacité d’y aller quand le top sera donné. »

Provocation ou procédure ordinaire ? (...)

Lors de la fête des Battages, beaucoup y croient sans y croire. « On ne verra rien avant la COP 21, et les élections régionales en décembre », analyse une zadiste en pétrissant au soleil une belle boule de pâte à pain. « Mais on peut imaginer des actions de provocation, directes, voire par des agents infiltrés, pour obtenir des images exploitables politiquement », craint un autre. « Ce sont juste des gesticulation de plus, pas de quoi paniquer », tempère un paysan. (...)

« Les effets d’annonces, on en entend depuis deux ans. Il y a une force de répétition. Mais c’est vrai on prend ça plus au sérieux qu’il y a quelques mois... » indique un autre, arborant un T shirt « Q de plomb », du nom du banquet d’un cochon du cru grillé à la broche et de coups à boire qui assemble régulièrement les paysans du coin. Une fête populaire, à la bonne franquette, plus large que le réseau militant, de gens se targuant d’avoir le cul trop lourd pour être bougés facilement. Et la visite du juge des expropriations ce mardi ? « Une provoc’. » « Non, c’est juste une procédure qui suit normalement son cours, et si le juge constate qu’il ne peut pas accéder aux maisons, il repartira. » (...)