
Le 13 avril dernier, dans son allocution, Emmanuel Macron a annoncé un retour à l’école le 11 mai. Le lendemain, le gouvernement parle tantôt d’une reprise facultative et progressive, tantôt d’une reprise obligatoire entretenant flou et contradictions comme depuis le début de cette crise sans précédent.
Pourquoi demander aux plus petits de reprendre le chemin de l’école dès le 11 mai alors que le CHSCT ministériel demande un dépistage systématique des personnels et des élèves comme préalable à toute reprise, alors que le Conseil de l’ordre des Médecins et la Fédération des Médecins de France s’opposent à cette reprise, alors que tous les pays durement touchés par l’épidémie annoncent un retour à l’école au plus tôt en septembre ? Pourquoi cette reprise alors que tous les voyants sont au rouge ? Les seules demandes de reprise des activités émanent du MEDEF, pour qui le problème de garde des enfants serait un frein à la reprise. Il n’y a donc pas beaucoup d’efforts à faire pour comprendre la logique derrière cette annonce. Nous, parents, refusons que les enjeux économiques guident la décision de reprise au risque de mettre en danger la population. Car nous savons que les conditions actuelles, les inconnues qui demeurent sur l’immunité face au virus et le nombre massif d’écoliers et de personnels à travers la Métropole et les territoires d’Outre-Mer ne permettent pas de dépistage systématique ni la fourniture de masques et de matériel nécessaires à la protection des personnes.
Outre les éventuelles mesures spécifiques, rappelons que la densité et la promiscuité dans les établissements scolaires sont très importantes avec des installations sanitaires souvent défaillantes et en nombre insuffisant. (...)
De plus, nous déplorons que le gouvernement utilise l’argument d’aide aux plus précaires, alors que jusqu’à présent il ne s’est jamais soucié des conditions de confinement des plus défavorisés ni même des personnels de l’éducation nationale. Aucune décision n’est venue aider ces populations, bien au contraire. Vouloir faire endosser la responsabilité, voire culpabiliser les enseignant.e.s et les parents alors que depuis des années ces populations sont stigmatisées, que les revendications des professionnel.le.s de terrain ne sont pas entendues, que les budgets et les nombres de postes sont systématiquement revus à la baisse est d’une hypocrisie et d’un mépris sans nom.
Bien sûr, nous savons que des familles sont en grande difficulté et que le confinement est venu accroître des inégalités criantes, nous savons que beaucoup sont mal logées, que des femmes et des enfants subissent des violences intra-familliales dramatiques mais ce n’est certainement pas l’école, dans le contexte actuel, qui peut jouer le rôle d’aide et de soutien à ces détresses. Nous appelons donc de toute urgence à redonner les moyens à l’école publique sur tous les territoires, notamment les plus fragilisés, ainsi qu’aux services médico-sociaux, dont les professionnel.le.s engagés.e.s alertent sur la réduction à peau de chagrin, depuis des années, pour réellement pouvoir prétendre lutter contre les inégalités et défendre les droits de tous les enfants.
Nous refusons que nos enfants, leurs enseignant.e.s et tous les personnels mobilisé.e.s pour une école solidaire servent de "chair à canon" et jouent en permanence à la roulette russe. C’est une fois de plus un affront à l’encontre de celles et ceux qui font vivre cette école au quotidien.
Nous pensons qu’actuellement la santé et le bien-être des enfants, des familles, des travailleurs/euses doivent être la priorité absolue de ce gouvernement.
C’est pourquoi nous demandons que la reprise de l’école ne s’amorce que lorsque les garanties seront données que les conditions sanitaires sont réunies pour la sécurité et le bien-être des personnels et des enfants. Alors, seulement, nous, parents, seront confiants et heureux de pouvoir remettre nos enfants à l’école.