
Un peu partout en France, la résistance face aux projets de méthaniseurs prend de l’ampleur. En Essonne, citoyens et élus tentent de stopper la mise en route d’un projet.
l’inquiétude qui pousse cette cinquantaine de citoyens à se réunir en cette mi-février est de plus en plus vive.
À quelques kilomètres, à Angerville, un méthaniseur de la SAS Methagase s’est implanté il y a un an. Porté par huit céréaliers dans la volonté de diversifier leurs activités, le méthaniseur ne devait pas dépasser les 10 000 tonnes d’intrants par an (fumier ou lisier, ou encore des déchets de l’industrie agroalimentaire, comme des légumes ou céréales). Alors que les travaux sont en cours, les porteurs du projet ont demandé une régularisation de leur exploitation, cette fois-ci pour une capacité de 21 000 tonnes d’intrants, soit le double de la quantité prévue au départ. Si le gaz produit est stocké à Angerville, seize communes du sud de l’Essonne et du Loiret sont concernées par le stockage ou par les épandages de digestats.
Pour les habitants concernés, les craintes se multiplient (...)
« Le digestat rejette de l’ammoniac et du sulfure d’hydrogène, ce n’est pas pour rien que c’est classé ICPE [1] », rappelle Mireille Massing, à l’origine du collectif Camse avec d’autres riverains. (...)
Petit à petit, parents d’élèves, élus et scientifiques ont rejoint la mobilisation. (...)
Un manque d’information déconcertant (...)
Une entreprise biberonnée par l’État
Si ces pratiques font l’objet de plus en plus de critiques, elles sont pourtant largement subventionnées par l’État. (...)
Le méthaniseur d’Angerville a par exemple bénéficié de 850 000 euros de subventions. « Nous ne sommes pas contre la méthanisation en soi, le problème c’est quand les projets opposent les cultures énergétiques aux cultures alimentaires. Il y a un véritable accaparement des terres qui empêche les petits exploitants de s’installer », poursuit l’élu régional. (...)
« C’est regrettable qu’on détourne l’alimentation et la ressource en eau, seulement au profit de quelques-uns. »
Une lutte qui s’élargit (...)
« Aujourd’hui, les citoyens ont pris conscience que les industriels prennent le pas sur les agriculteurs. Ils ne se battent plus pour eux, mais pour les générations futures. »
D’après les chiffres du CSNM, il existerait 319 associations et collectifs en lutte contre des projets de méthaniseurs. (...)